Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/365

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STRATIPPOCLÈS. Où tu voudras. Si je n’ai pas cette somme avant le coucher du soleil, ne reviens pas chez moi, va-t’en tout droit au moulin.

ÉPIDIQUE. Vous en parlez à votre aise, vous qui avez l’esprit libre de souci, et qui ne courez aucun danger ; mais moi, je connais nos gens ; quand on frappe sur moi, je le sens.

STRATIPPOCLÈS. Qu’est-ce à dire ? Veux-tu donc que je me tue ?

ÉPIDIQUE. Gardez-vous-en bien. J’affronterai plutôt le péril et m’armerai d’audace.

STRATIPPOCLÈS. A la bonne heure, te voilà gentil garçon.

ÉPIDIQUE. J’endurerai tout pour vous servir.

STRATIPPOCLÈS. Que fera-t-on de cette joueuse de lyre ?

ÉPIDIQUE. On trouvera quelque biais ; je vous en débarrasserai de manière ou d’autre, je vous tirerai cette épine.

STRATIPPOCLÈS, Tu es plein d’adresse ; je te connais.

ÉPIDIQUE. Nous avons un militaire d’Eubée, un homme riche, cousu d’or ; quand il saura que vous avez acheté cette autre et que vous l’amenez ici, il viendra bien vite vous prier de lui céder la première. Mais où est la nouvelle débarquée ?

STRATIPPOCLÈS. Elle va venir.

CHÉRIBULE. Prenons-nous racine ici ?

STRATIPPOCLÈS. Entrons chez toi, et passons gaiement la journée.

ÉPIDIQUE. Allez ; moi je vais convoquer mon sénat dans ma tête, délibérer sur nos finances, et voir à qui nous déclarerons la guerre pour avoir cet argent… Épidique, aie l’œil ouvert, car voilà une aventure qui te tombe bien brusquement sur les bras. Il ne s’agit pas de dormir ni de perdre le temps… Ma foi, c’est décidé ; attaque encore le bonhomme ; va, va, entre vite, et préviens ton jeune maître, qu’il ne sorte pas, qu’il ne s’expose pas à rencontrer le vieillard.


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ACTE II.


SCÈNE I. — APÉCIDE, PÉRIPHANE.

APÉCIDE. La plupart des hommes rougissent quand il n’y a pas à rougir, et n’ont plus de pudeur quand ils devraient se ca-