APÉCIDE. Et moi Apécide.
ÉPIDIQUE. Et moi Épidique ; mais, cher maître, vous venez tous les deux fort à propos.
PÉRIPHANE. Qu’y a-t-il ?
ÉPIDIQUE. Attendez, de grâce, souffrez que je respire.
PÉRIPHANE. Repose-toi.
ÉPIDIQUE. Je me trouve mal. Il faut que je reprenne haleine.
APÉCIDE. Remets-toi tout doucement.
ÉPIDIQUE. Écoutez-moi bien ; les légions sont licenciées et reviennent de Thèbes.
APÉCIDE. Qui sait cela ?
ÉPIDIQUE. Moi, qui vous l’assure.
PÉRIPHANE. Tu le sais ?
ÉPIDIQUE. Je le sais.
PÉRIPHANE. Comment le sais-tu ?
ÉPIDIQUE. J’ai vu les rues pleines de soldats. Ils rapportent des armes, ils ramènent des équipages.
PÉRIPHANE. Très-bien.
ÉPIDIQUE. Et quelle quantité d’esclaves ! jeunes garçons, jeunes filles, l’un en a deux, l’autre trois, l’autre cinq : c’est une foule dans les rues ! Chacun se porte au-devant de son fils.
PÉRIPHANE. Par Hercule, voilà une bonne affaire !
ÉPIDIQUE. Et puis toutes les courtisanes de la ville venaient en grande toilette à la rencontre de leurs amants, et leur jetaient le grappin ; et même, j’ai ouvert d’assez grands yeux pour le voir, la plupart avaient des filets sous leurs robes. J’arrive au port, et j’aperçois une jeune fille qui faisait là sentinelle ; elle avait avec elle quatre joueuses de flûte.
PÉRIPHANE. Quelle jeune fille, Épidique ?
ÉPIDIQUE. Celle pour qui votre fils perd la tête depuis quelques années, et à qui il sacrifie sa réputation, son bien, sa personne et vous-même. Elle l’attendait au port.
PÉRIPHANE. Voyez un peu la carogne !
ÉPIDIQUE. Mais des habits, mais des bijoux, une toilette, une élégance, un luxe, une fraîcheur !
PÉRIPHANE. Comment était-elle habillée ? avait-elle un manteau de reine, ou une mantille ?
ÉPIDIQUE. Une robe à la gouttière, car elle ne savent quels noms donner à leurs habits.
ÉPIDIQUE. Comment ! une gouttière !
PÉRIPHANE. La belle merveille ! comme si l’on n’en rencontrait