Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/408

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ÉROTIE. Quel plaisir trouvez-vous à vous moquer de moi et à nier ce qui s’est passé ?

MÉNECHME. Dites-moi donc ce que j’ai fait et ce que je nie maintenant.

ÉROTIE. Que vous m’avez donné aujourd’hui une mante de votre femme.

MÉNECHME. Oui, je le nie encore. Je n’ai jamais eu de femme, je n’en ai point, et jamais, depuis que je suis au monde, je n’ai mis le pied dans cette ville. J’ai déjeuné à bord du vaisseau, je viens de débarquer, et je vous rencontre.

ÉROTIE. Ah ! malheureuse, je suis perdue, par Cérès ! de quel vaisseau me parlez-vous ?

MÉNECHME. D’un vaisseau de bois, souvent avarié, souvent recloué, souvent battu par le marteau ; c’est comme la boutique d’un pelletier, les chevilles s’y touchent.

ÉROTIE. Eh ! de grâce, cessez de plaisanter, et entrez avec moi.

MÉNECHME. Je ne sais qui vous cherchez, ma belle, mais ce n’est pas moi.

ÉROTIE. Comment! je ne vous connais pas, vous Ménechme, fils de Moschus ? On sait bien que vous êtes né à Syracuse en Sicile, où régna le roi Agathocle, puis Phintia, puis Liparon, qui en mourant laissa le trône à Hiéron. C’est Hiéron qui vous gouverne aujourd’hui.

MÉNECHME. Vous ne dites pas de mensonges.

MESSÉNION. Grand Jupiter ! vient-elle donc de là-bas, pour vous connaître si bien ?

MÉNECHME, à Messénion. Par Hercule, je crois qu’il est impossible de refuser plus longtemps.

MESSÉNION. Ne vous laissez pas aller. Si vous passez cette porte, c’est fait de vous.

MÉNECHME. Eh ! tais-toi ; tout va sur des roulettes ; je répondrai oui à tout ce qu’elle me dira, et j’aurai bon gîte. (À Érotie). Ma mie, je faisais exprès tout à l’heure de vous contredire ; je craignais que ce coquin ne ’me dénonçât à ma femme pour la mante et le dîner. Maintenant, entrons quand vous voudrez.

ÉROTIE. N’attendez-vous pas votre parasite ?

MÉNECHME. Non, je ne l’attends pas, et je m’en soucie comme de cela ; et même, s’il vient, je défends qu’on le laisse entrer.

ÉROTIE. Par Castor, j’obéirai avec plaisir. Mais savez-vous, pour être bien gentil, ce que vous devriez faire ?

MÉNECHME. Vous n’avez qu’à commander.