ÉROTIE. Cette mante que vous m’avez donnée tantôt, portez-la chez le brodeur pour y ajouter quelques ornements dont j’ai envie.
MÉNECHME. Vous avez raison ; on ne la reconnaîtra pas, et si ma femme vous voit dans la rue, elle ne s’apercevra pas que vous l’avez.
ÉROTIE. Emportez-la donc tout à l’heure en vous en allant.
MÉNECHME. C’est convenu.
ÉROTIE. Entrons.
MÉNECHME. Je vous suis à l’instant, (montrant Messénion) je veux lui dire deux mots. (Érotie sort.} Hé, Messénion, approche.
MESSÉNION. Qu’est-ce ?
MÉNECHME. Veux-tu savoir ?
MESSÉNION. Quoi donc ?
MÉNECHME. Il faut…
MESSÉNION. Que faut-il ?
MÉNECHME. Je sais ce que tu veux me dire.
MESSÉNION. Vous n’en valez pas mieux.
MÉNECHME. Je tiens ma proie ; j’ai entamé l’affaire. Toi, va-t’en au plus vite, et conduis tout de suite nos gens à l’auberge. Tu viendras à ma rencontre avant le coucher du soleil.
MESSÉNION. Maître, vous ne connaissez pas ces courtisanes.
MÉNECHME. Paix, te dis-je. Si je fais quelque sottise, c’est moi qui en pâtirai et non pas toi. Cette femme est une sotte bête, autant que j’ai pu m’en apercevoir tout à l’heure. C’est une proie assurée.
MESSÉNION. Hélas!
MÉNECHME. Vas-tu partir! (Il entre chez Érotie.)
MESSÉNION. Il est perdu sans ressource. Notre pauvre barque est entre les mains des corsaires. Mais je suis bien ridicule de prétendre gouverner mon maître : il m’a acheté pour lui obéir, et non pour lui commander. (Aux esclaves.) Suivez-moi, que je puisse revenir le chercher de bonne heure, puisqu’il le veut.
ACTE III.
J’ai plus de trente ans, mais jamais je n’ai fait de bévue plus lourde ni plus extravagante qu’aujourd’hui, en allant me