de séduction. Hâte-toi, Ménechme, allons, double le pas. Je veux ôter cette couronne et la jeter à gauche ; si l’on me suit, on croira que j’ai pris par là. Et maintenant je vais tâcher de retrouver mon esclave, pour lui apprendre tous les bonheurs que.les dieux m’envoient.
ACTE IV.
LA FEMME. Moi, je me souffrirais dans un ménage où le mari dérobe tout ce qu’il y a dans la maison, pour aller le porter à sa maltresse ?
PÉNICULUS. Bon, bon, taisez-vous, je vous le ferai prendre en flagrant délit ; venez seulement par ici. Il était gris et s’en allait, couronne en tête, porter chez le brodeur la mante qu’il vous a attrapée aujourd’hui. Mais voici sa couronne : avais-je menti ? Il a tiré par là, si vous voulez suivre la piste. Eh ! par Pollux, le voici qui revient tout à point ; seulement, il n’a pas la mante.
LA FEMME. Comment dois-je agir avec-lui ?
PÉNICULUS. Comme d’habitude ; lavez-lui la tête.
LA FEMME. J’en suis bien tentée.
PÉNICULUS. Restons, nous, de ce côté ; guettez-le d’ici.
MÉNECHME. Quelle sotte et stupide habitude nous avons ! et pourtant c’est celle de tous les Crésus ; ils souhaitent d’avoir beaucoup de clients, bons ou mauvais, peu leur importe. On s’informe de la fortune du client, mais de sa probité, de sa réputation, point ! S’il est pauvre et honnête, on le regarde comme un homme de rien ; est-il riche et fripon, on le tient pour un galant homme. Ces gens sans foi ni loi, que de soucis ne donnent-ils pas à leurs patrons ! Ils nient d’avoir reçu ce qu’on leur a donné ; ils sont cousus de procès, rapaces, fourbes ; leur bien, c’est à l’usure, c’est au parjure qu’ils le doivent ; ils ne rêvent que chicanes. Lorsqu’ils sont assignés, le patron l’est aussi ; il faut qu’il vienne défendre leurs vilenies : l’affaire va devant le peuple, ou au tribunal, ou chez un arbitre. Ainsi