Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/42

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SOSIE. J’en conviens, car j’ai été roué de coups de poing.

AMPHITRYON. Qui t’a frappé ?

SOSIE. Moi, le moi qui est maintenant à la maison.

AMPHITRYON. Çà, qu’on réponde à mes questions, et pas un mot de plus. Avant tout, qui était ce Sosie ?

SOSIE. Votre esclave.

AMPHITRYON. J’ai déjà trop d’un butor de ton espèce, et, depuis que je suis au monde, je ne me suis pas connu d’autre Sosie que toi.

SOSIE. Et moi je vous dis, Amphitryon, que je vous ferai trouver, en entrant à la maison, encore un autre Sosie, votre esclave, fils de Dave ; même père, même figure, même âge. Enfin que vous dirai-je ? votre Sosie est devenu double.

AMPHITRYON. Que de sornettes ! Mais as-tu vu ma femme ?

SOSIE. Je n’ai pas même pu entrer dans la maison.

AMPHITRYON. Qui t’en empêchait ?

SOSIE. Ce Sosie dont je vous parle, qui m’a assommé.

AMPHITRYON. Qu’est-ce que ce Sosie ?

SOSIE. Moi, vous dis-je. Faut-il le répéter vingt fois ?

AMPHITRYON. Voyons, tu te seras endormi, peut-être ?

SOSIE. Pas le moins du monde.

AMPHITRYON. Et c’est en songe que tu auras vu cet autre Sosie ?

SOSIE. Ce n’est point mon fait de dormir quand j’exécute les ordres dé mon maître. J’étais bien éveillé quand je l’ai vu ; je vous, vois, je vous parle bien éveillé ; il n’était que trop éveillé, et moi aussi, quand il m’a meurtri de coups.

AMPHITRYON. Qui ?

SOSIE. Sosie, vous dis-je, cet autre moi. Ne me comprenez-vous pas ?

AMPHITRYON. Eh ! qui comprendrait rien à tes sottises ?

SOSIE. Eh bien, vous allez le voir.

AMPHITRYON. Qui ?

SOSIE. Ce Sosie, votre esclave.

AMPHITRYON. Suis-moi donc, que je commence par éclaircir tout cela. Aie soin qu’on apporte du vaisseau tout ce que j’ai dit.

SOSIE. J’ai bonne mémoire et bonne volonté ; ce que vous voulez sera fait. Je n’ai point laissé vos ordres au fond de la bouteille.

AMPHITRYON. Fassent les dieux qu’il n’y ait rien de vrai dans tout ce que tu m’as dit !