Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/424

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MÉNECHME, à part. Ma foi, si je ne trouve bien vite un expédient, ils vont m’emporter chez eux. (Haut.) Tu veux que mes poings lui fracassent le museau ? Si elle ne disparaît à l’instant de mes yeux pour aller se faire pendre, j’exécuterai tes ordres, Apollon.

LE VIEILLARD, à sa fille. Sauve-toi au plus vite à la maison, qu’il n’aille pas t’assommer de coups.

LA FEMME. Je me sauve ; de grâce, mon père, veillez sur lui, qu’il ne s’échappe pas. Suis-je assez malheureuse de l’entendre ainsi parler ! (Elle rentre.)


SCÈNE III. — MÉNECHME SOSICLÈS, LE VIEILLARD.

MÉNECHME, à part. Je l’ai assez adroitement éloignée ; maintenant, à ce laid et sale barbon, à ce Tithon tremblotant, progéniture de Cycnus. ( Haut.) Tu me commandes de lui rompre les membres, les os, les articulations, avec ce bâton qu’il tient à la main.

LE VIEILLARD. Il t’arrivera malheur, si tu me touches ou si tu m’approches.

MÉNECHME. J’accomplirai tes ordres ; je prendrai une hache à deux tranchants, je désosserai le bonhomme et lui hacherai les entrailles comme chair à pâté.

LE VIEILLARD. Eh! je n’ai qu’à me tenir sur mes gardes et à prendre mes précautions ; ses menaces m’effrayent, je crains qu’il ne me fasse du mal.

MÉNECHME. Tes ordres deviennent pressants, Apollon ; tu veux maintenant que j’attelle deux chevaux fougueux, indomptés, et que je monte sur un char pour écraser ce lion de Bétulie, cette bête puante et édentée. Eh bien, me voilà sur le char, je tiens les rênes, j’ai le fouet en main. Allons, mes coursiers, faites retentir vos sabots par une course rapide ; déployez la vigueur de vos jarrets.

LE VIEILLARD. Tu montes, pour me menacer, sur tes grands chevaux ?

MÉNECHME. Ainsi, Apollon, pour la seconde fois tu me commandes de m’élancer sur cet homme et de le faire périr ! Mais qui est-ce qui me prend par les cheveux et m’enlève de ce char ? Il révoque tes ordres et ta parole, Apollon.

LE VIEILLARD. Ah ! par Hercule, voilà une terrible et affreuse maladie ! Bons dieux ! dire que ce fou était si bien dans son