MERCURE. Qui frappe ?
AMPHITRYON. C’est moi.
MERCURE. Qui, moi ?
AMPHITRYON. Moi, te dis-je.
MERCURE. Il faut que tu sois maudit de Jupiter et de tous les dieux pour venir ainsi démantibuler notre porte.
AMPHITRYON. Comment cela ?
MERCURE. Parce que, tant que tu vivras, ils feront de toi un misérable.
AMPHITRYON. Sosie !
MERCURE. Eh bien oui, je suis Sosie ; ne crains-tu pas que je l'aie oublié ? Que veux-tu ?
AMPHITRYON. Comment ! bourreau, tu oses me demander ce que je veux ?
MERCURE. Oui, je te le demande. La peste de l’animal ! il a presque brisé les gonds de la porte. Crois tu donc qu’on nous en fournisse aux frais de l’État ? Qu’as-tu à me regarder, imbécile ? que veux-tu ? qui es-tu ?
AMPHITRYON. Qui je suis, maraud ? Tes épaules ont usé déjà plus d’une verge ; mais gare aux étrivières ! il t’en cuira pour ces belles paroles.
MERCURE. J’imagine que tu étais passablement prodigue dans ta jeunesse.
AMPHITRYON. Comment cela ?
MERCURE. Puisque sur tes vieux jours tu en es réduit à mendier des coups.
AMPHITRYON. Vil coquin, tu payeras cher tes insolences.
MERCURE. Je t’offre un sacrifice.
AMPHITRYON. Et lequel ?
MERCURE. Je t’immole à la déesse Infortune[1]).
AMPHITRYON. Vraiment, maître pendard ? À moins que les dieux ne me fassent subir quelque métamorphose, j’aurai soin que tu sois chargé de nerfs de bœuf et offert en holocauste à
- ↑ Tout ce qui suit, jusqu’à la fin de la quatrième scène, est considéré comme suspect par la plupart des éditeurs ; mais nous ne voyons aucune raison décisive de prononcer que ces vers ne sont pas de Plaute.