Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/84

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reux sont les oiseaux. Pour les apprivoiser, bel accueil, douces paroles, embrassades, petits propos bien mignons et bien tendres. Ils glissent leur main dans le corsage : « Bravo ! » dit l’oiseleur ; ils prennent un baiser, les voilà pris, et sans filet. As-tu donc déjà oublié tout cela, toi qui as été si longtemps à l’école ?

ARGYRIPPE. C’est ta faute aussi ; tu renvoies un élève à demi formé.

CLÉÉRÈTE. Eh ! reviens hardiment, si tu trouves de quoi payer les leçons ; mais aujourd’hui, bonsoir.

ARGYRIPPE. Un moment, écoute. Combien te faut-il pour que, de toute l’année, elle ne soit qu’à moi seul ?

CLÉÉRÈTE. Combien ? vingt mines. Et encore, si quelque autre me les apporte avant toi, je suis bien ta servante.

ARGYRIPPE. Eh bien, voyons, ne pars pas encore ; il me reste deux mots à te dire.

CLÉÉRÈTE. Parle.

ARGYRIPPE. Je ne suis pas tout à fait ruiné ; j’ai encore de quoi m’achever. Je puis trouver ce que tu exiges ; mais écoute mes conditions et retiens-les bien : pendant une année entière elle sera à ma disposition, et elle ne recevra pas d’autre homme que moi.

CLÉÉRÈTE. Mon Dieu ! tu n’as qu’à dire, et je ferai même châtrer tous nos domestiques. Enfin, rédige-toi même le contrat et apporte-le. Fais tes conditions à ta volonté, à ton caprice ; pourvu que tu ne viennes pas sans l’argent, je passerai volontiers sur tout le reste. Les portes de nos maisons sont comme celles des receveurs : vous apportez, on ouvre ; vous n’avez rien à donner, porte de bois. (Elle s’en va.)

ARGYRIPPE, seul. Ah ! c’est fait de moi si je ne trouve ces vingt mines. L’argent ou moi, il faut que l’un des deux y saute. Allons sur la place, et mettons en œuvre toutes nos ressources ; je veux prier, supplier ceux de mes amis que je verrai ; braves gens, coquins, j’y suis résolu, je m’adresserai à tout le monde. Et si je ne trouve pas à emprunter, eh bien ! les usuriers sont là.