Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/91

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LIBAN. De grâce !

LÉONIDAS. Il t’en cuira de te trouver sur mon passage, pourquoi n’es-tu pas venu chez le barbier, quand je l’avais ordonné ?

LIBAN. Cet homme m’a retenu.

LÉONIDAS. Tu aurais beau me dire que c’est le grand Jupiter lui-même qui t’a retenu, et le faire intercéder pour toi, tu n’échapperais pas au châtiment. Comment ! coquin ! mépriser mes ordres !

LIBAN, au marchand. Brave homme, c’est fait de moi.

LE MARCHAND, à Liban. Je vous en prie, Sauréa, ne le frappez pas.

LÉONIDAS. Ah ! si j’avais sous la main un bon bâton…

LE MARCHAND. Eh ! tout doux !

LÉONIDAS. Comme je te caresserais ces côtes déjà endurcies par les coups ! (Au marchand.) Éloignez-vous, et laissez-moi étriller ce drôle, qui me met sans cesse hors de moi. Ce n’est jamais assez de lui dire les choses une fois ; il faut répéter cent fois la même chanson, crier, beugler, s’égosiller ; je péris à la peine. Ne t’avais-je pas commandé, pendard, d’ôter ce fumier de devant la porte ? Ne t’avais-je pas dit d’enlever les toiles d’araignée de ces colonnes ? Ne t’avais-je pas ordonné de faire reluire les clous de notre porte ? Rien n’est fait. Il me faudra marcher le bâton à la main, comme un boiteux. Depuis trois jours que je quitte à peine la place, où je voudrais trouver un preneur de fonds, vous dormez tous ici, et notre maître ne demeure plus dans une maison, mais dans une étable à porcs. Tiens ! voilà pour toi !

LIBAN. À mon aide, étranger, je vous prie !

LE MARCHAND. Lâchez-le, Sauréa ; faites cela pour moi.

LÉONIDAS. Çà, est-on venu payer le transport de l’huile ?

LIBAN. Oui.

LÉONIDAS. À qui a-t-on remis l’argent ?

LIBAN. À Stichus, votre homme de confiance.

LÉONIDAS. Tu veux m’amadouer ; je le sais bien que c’est mon homme de confiance, et il n’y a pas dans toute la maison un serviteur qui vaille mieux que lui. Mais le vin que j’ai vendu hier au cabaretier Exérambe, l’a-t-il payé à Stichus ?

LIBAN. Je le pense, car j’ai vu Exérambe amener ici un banquier.

LÉONIDAS. À la bonne heure. Pour notre dernier marché, il a fallu attendre un an, et encore ! Maintenant il est plus pressé, il amène de lui-même le banquier et fait son billet. Dromon a-t-il rapporté son salaire ?