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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/99

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LIBAN, à Argyrippe. C’est pour vous, et non pour moi, que je forme des vœux.

ARGYRIPPE. Dis donc ce que tu voudras.

LIBAN, montrant Léonidas. Une bonne volée à celui-ci !

LÉONIDAS. Ouais ! on vous écoutera, beau mignon à tête bouclée ! Tu me battrais, toi qui n’as pour tout potage que les coups que tu reçois !

ARGYRIPPE. Oh ! Liban, que vous êtes tous deux plus heureux que moi ! Avant ce soir j’aurai cessé de vivre.

LIBAN. Que dites-vous ?

ARGYRIPPE, montrant Philénie. Je l’aime et elle m’aime, et je n’ai rien à lui donner. Sa mère Vient de me congédier. Vingt mines que le jeune Diabole a promis d’apporter aujourd’hui sont la cause de ma mort ; il exige que, de toute une année, Philénie n’ait de rendez-vous qu’avec lui seul. Vois-tu ee que valent vingt mines ? Il les sacrifie et il vit ; moi qui ne peux les sacrifier, je meurs.

LIBAN. Les a-t-il déjà données ?

ARGYRIPPE. Pas encore.

LIBAN. Bon courage alors, et pas de crainte.

LÉONIDAS. Par ici, Liban, deux mots !

LIBAN. Me voici. (Ils se retirent à l'écart.)

ARGYRIPPE. Ne vous gênez pas ; il serait plus doux encore de causer en vous tenant embrassés.

LIBAN. Eh ! mon maître, sachez que tous les baisers n’ont pas pour tout le monde la même saveur. Vous autres amants, vous êtes au ciel quand vous bavardez en vous embrassant. Moi, je me soucie comme de cela des baisers de ce drôle, il a les miens en même estime. Faites donc vous-même ce que vous nous conseillez de faire.

ARGYRIPPE. De grand cœur, et en attendant, restez dans votre coin si vous voulez.

LÉONIDAS, bas à Liban. Veux-tu rire un peu aux dépens de notre maître ?

LIBAN. Ma foi, il le mérite bien.

LÉONIDAS. Veux-tu que, devant lui, je me fasse embrasser par sa Philénie ?

LIBAN. Je serais curieux de le voir.

LÉONIDAS. Viens donc. (Ils se rapprochent.)

ARGYRIPPE. Eh bien ! quel espoir ? Vous avez assez jasé.

LÉONIDAS. Çà, écoutez-moi tous deux ; attention, et n’allez pas perdre un mot. D’abord, nous sommes vos esclaves, nous ne le