PYRGOPOLINICE. Je la croyais veuve ; sa suivante, qui était l’entremetteuse, me l’avait dit.
PÉRIPLECTOMÈNE. Jure que tu ne feras de mal à personne à cause de cette aventure et des coups que tu as reçus et que tu recevras encore, si nous te laissons aller sain et sauf, beau petit-fils de Vénus.
PYRGOPOLINICE. Par Vénus et Mars, je jure de ne me venger sur personne de la volée que je reçois ici ; je reconnais que je l’ai méritée, et si je me tire de chez vous avec tous mes membres, vous aurez été indulgent pour ma faute.
PÉRIPLECTOMÈNE. Mais si tu ne tiens pas ta promesse ?
PYRGOPOLINICE. Puissé-je ne plus être homme pendant le reste de mes jours !
CARION. Rossons-le encore, et après je suis d’avis de le lâcher.
PYRGOPOLINICE. Que les dieux vous bénissent à jamais, vous qui prenez avec tant de bonté ma défense.
CARION. Alors donne-nous une mine d’or.
PYRGOPOLINICE. Pourquoi ?
CARION. Pour que nous te laissions ce que tu allais perdre, beau petit-fils de Vénus ; sinon, avant que tu partes d’ici, tiens-toi pour averti…
PYRGOPOLINICE. Je payerai.
CARION. C’est plus raisonnable. Pour ta tunique, ta chlamyde, ton sabre, n’y compte pas, tu ne les auras plus. (A Périplectomène.) Faut-il le battre encore avant de le lâcher ?
PYRGOPOLINICE. Je suis déjà moulu de coups. Faites-moi grâce.
PÉRIPLECTOMÈNE. Qu’on le détache.
PYRGOPOLINICE. Merci.
PÉRIPLECTOMÈNE. Si je t’y reprends, je saurai par où te punir.
PYRGOPOLINICE. Je ne chercherai pas à me défendre.
PÉRIPLECTOMÈNE. Rentrons, Carion. (Ils rentrent.)
PYRGOPOLINICE. Ah ! j’aperçois mes esclaves. Philocomasie est-elle partie ? dis-moi.
SCÉLÈDRE. Il y a longtemps.
PYRGOPOLINICE. Hélas !
SCÉLÈDRE. Vous gémiriez bien plus encore si vous saviez ce que je sais. Celui qui avait un bandeau sur l’œil n’était pas un marin.
PYRGOPOLINICE. Qui était-ce donc ?