eu part à l’action. Sortez, je veux régaler ici mes alliés devant la maison, à la porte même. Dressez les lits, faites tous les préparatifs d’usage. Que l’on plante ici mon aigle ; je veux à son ombre donner plaisir, contentement et joie à tous ceux dont le secours a facilité mon entreprise. C’est un méchant homme que celui qui sait recevoir un service et ne sait pas le rendre.
LEMNISÉLÉNÉ. Cher Toxile, pourquoi suis-je sans toi ? pourquoi es-tu sans moi ?
TOXILE. Viens donc, viens ma belle, approche, embrasse-moi si tu le veux.
LEMNISÉLÉNÉ. De grand cœur : oh ! rien n’est plus doux au monde ! Mais, chère prunelle, qui nous empêche de nous mettre à l’aise sur ces lits ?
TOXILE. Tout Ce que tu veux, je le souhaite.
LEMNISÉLÉNÉ. Et je te le rends bien.
TOXILE. Allons, allons, allons, toi, Sagaristion, prends le haut bout.
SAGARISTION. Je n’y tiens pas ; donne-moi seulement la moitié dont nous sommes convenus.
TOXILE. Tout à l’heure.
SAGARISTION. Tout à l’heure me semble bien tard.
TOXILE. Mets-toi toujours à table : coulons doucement cette belle journée, c’est celle de ma naissance. De l’eau pour les mains. Qu’on avance la table. (A Lemniséléné.) A toi ces fleurs, fleur charmante, et sois notre reine. (A Pegnion.) Çà, petit, commence par le haut bout, ouvre les jeux par sept cyathes[1]. Alerte les mains ! hâte-toi. Pegnion, tu es bien lent à m’offrir la coupe, donne donc. A ma santé, à la vôtre, à celle de mon amie ! Les dieux m’ont enfin accordé ce jour fortuné, où je puis te serrer libre entre mes bras.
LEMNISÉLÉNÉ. C’est ton ouvrage. A notre santé à tous ! Ma main te passe cette coupe, l’amour l’offre à l’amour.
TOXILE. Donne.
LEMNISÉLÉNÉ. Tiens.
TOXILE. A la santé de ceux qui sont jaloux et de ceux, qui sont heureux de mon bonheur.
- ↑ Rarement les anciens buvaient sans les étendre d’eau leurs vins capiteux. On mettait, par exemple, comme ici, trois cyathes d’eau pour sept de vin.