Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DÉMIPHON. Qu’il demande pour cette avanie la satisfaction qui lui plaira, pourvu que vous fassiez ma paix avec lui ; je le supplie de n’être plus fâché. Par Hercule, si j’avais su, s’il m’avait dit, même en plaisantant, qu’il en était amoureux, je ne l’aurais pas dérobée à sa tendresse. Eutyque, je vous en prie, vous êtes son ami, prenez mes intérêts, aidez-moi, recevez sous votre protection un pauvre vieillard, et soyez sûr qu’il n’oubliera pas le bienfait.

LYSIMAQUE, à Démiphon. Conjurez-le de vous pardonner vos péchés de jeunesse.

DÉMIPHON, à Lysimaque. Vous ne cesserez donc pas de m’insulter ? J’espère bien qu’un jour viendra où je pourrai vous rendre la pareille.

LYSIMAQUE. Oh ! moi, j’ai renoncé à toutes ces histoires.

DÉMIPHON. Et moi j’y renonce désormais.

LYSIMAQUE. Permettez ! le goût et l’habitude vous y ramèneront.

DÉMIPHON. Par pitié, assez ; ou, si cela vous plait, donnez-moi le fouet.

LYSIMAQUE. C’est bien dit ; mais votre femme s’en chargera, quand elle sera informée.

DÉMIPHON. Il n’est pas besoin qu’elle le sache.

EUTYQUE. Assurément. N’ayez pas peur, elle ne saura rien. Mais entrons, ce n’est pas ici un lieu commode ; tandis que nous causons, les passants peuvent apprendre vos affaires.

DÉMIPHON. C’est ma foi bien dit, et la pièce sera plus courte d’autant. Allons.

EUTYQUE. Votre fils est chez nous.

DÉMIPHON. Très-bien ; faisons le tour par le jardin.

LYSIMAQUE. Eutyque, une chose m’occupe, avant de rentrer.

EUTYQUE. Qu’est-ce ?

LYSIMAQUE. Chacun songe à soi. Réponds-moi : es-tu certain que ta mère n’est plus fâchée ?

EUTYQUE. Très-certain.

LYSIMAQUE. Fais bien attention.

EUTYQUE. Vous pouvez vous en rapporter à moi.

LYSIMAQUE. Cela me suffit ; mais je le répète, fais bien attention.

EUTYQUE. Ne me croyez-vous pas ?

LYSIMAQUE. Si fait, je te crois, et pourtant j’ai une peur terrible.

DÉMIPHON. Entrons.