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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/68

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PÉRIPLECTOMÈNE. Je sais cela.

PALESTRION. Voici donc comment je m’y prendrai, voici la ruse que j’imagine : je dirai qu’il est arrivé d’Athènes une sœur jumelle de Philocomasie, avec son amant, et qu'elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. J’ajouterai qu’ils reçoivent l’hospitalité chez vous.

PÉRIPLECTOMÈNE. Très-bien, très-bien, à merveille : l’invention me plaît.

PALESTRION. Alors si mon camarade vient faire son rapport au militaire, et dire qu’il l’a vue embrasser un autre homme, je soutiendrai que c’est la sœur qu’il a vue embrassant chez vous et caressant son amoureux.

PÉRIPLECTOMÈNE. C’est parfait. Je répondrai de même si le militaire m’interroge.

PALESTRION. Dites surtout qu’elles sont le portrait l’une de l’autre ; et il faut faire la leçon à Philocomasie, pour qu’elle ne bronche pas, si le militaire la questionne.

PÉRIPLECTOMÈNE. Le tour est admirable. Mais s’il veut les voir toutes deux ensemble, comment faire ?

PALESTRION. C’est aisé ; on peut donner cent raisons. : elle est sortie, elle est allée se promener, elle dort, elle est à sa toilette, au bain, elle dîne, elle fait une partie, elle est occupée, elle n’a pas le temps, elle ne peut pas. Bref, toutes les défaites qu’on voudra, pourvu que tout d’abord nous l’amenions à présent à tenir pour vérités nos mensonges.

PÉRIPLECTOMÈNE. Tu as raison.

PALESTRION. Rentrez donc, et si la belle est chez vous, dites-lui de retourner tout de suite à la maison et endoctrinez-la ; recommandez-lui de ne pas perdre de vue le conte que nous venons d’imaginer de cette sœur jumelle.

PÉRIPLECTOMÈNE. Je la stylerai comme il faut. Est-ce tout ?

PALESTRION. Rentrez.

PÉRIPLECTOMÈNE. Je pars. (Il sort.)

PALESTRION. Et moi je vais chez nous, et sans avoir l’air de rien je ferai en sorte de trouver mon camarade, celui qui courait tantôt après un singe. Il n’aura pu s’empêcher de raconter à quelqu’un de ses amis qu’il a vu la maîtresse de notre homme dans la maison voisine échangeant des baisers avec un blondin : je sais ce qu’il en est, je ne peux garder ce que je suis seul à savoir. Si je trouve celui qui l’a vue, je dresserai contre lui toutes mes batteries. Je suis prêt, et bien résolu à enlever mon homme d’assaut. Si je ne le découvre pas, j’irai le nez au vent,