Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/405

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doigt qu’un anneau de fer, semblable peut-être à celui de l’esclave qui tenait la couronne. C’est ainsi que C. Marius triompha de Jugurtha. On rapporte qu’il ne prit l’anneau d’or qu’à son troisième consulat (an de Rome 651). Ceux même qui avaient reçu l’anneau d’or à l’occasion d’une ambassade ne le portaient qu’en public, et reprenaient l’anneau de fer dans l’intérieur de la maison. De là vient qu’encore aujourd’hui on envoie en cadeau à la fiancée un anneau de fer, qui même est sans pierre. Je ne vois pas non plus qu’on ait connu les anneaux au temps d’Ilion ; du moins Homère n’en fait pas mention : car s’il parle (Il., VI, 168) de tablettes envoyées en qualité de lettres (XIII, 21), d’étoffes renfermées dans des coffrets (Od., VIII, 421, 443, 447), de vases d’or et d’argent, il indique que tout cela est marqué par le propriétaire à l’aide d’un nœud et non d’un anneau. Il ne dit pas non plus que les chefs tirant au sort à qui répondrait à la provocation (Il., VII, 175) aient fait usage d’anneaux ; et quand il énumère les produits de la forge des dieux (Il., XVIII, 40), il n’est pas, à cette origine, question d’anneaux ; il ne parle que d’agrafes et d’objets servant à la toilette des femmes, tels que des boucles d’oreilles. Certes le premier qui imagina de porter des anneaux ne le fit qu’avec hésitation ; et il mit cet ornement à la main gauche, qu’on tient cachée ; au lieu que sûr que la chose était honorable il l’eût étalé à la main droite. Si la gêne a pu être comptée pour quelque chose, cette gêne, plus grande à la main gauche, qui tient le bouclier, montrerait aussi que l’usage de l’anneau a dû être tardif. Le même Homère (Il., XVII, 52) parle d’hommes portant de l’or dans les cheveux, ce qui me fait douter si l’usage des anneaux est dû aux hommes ou aux femmes.

V. A Rome il n’y eut pendant longtemps que très peu d’or. Le fait est qu’après la prise de la ville par les Gaulois, lorsqu’on traita de l’achat de la paix, on ne put ramasser que mille livres pesant d’or. Je n’ignore pas que sous le troisième consulat de Pompée il se perdit deux mille livres pesant d’or qui étaient dans le trône de Jupiter Capitolin, et qui y avaient été déposées par Camille ; d’où on a généralement inféré que la rançon de la ville avait été de la même somme. Mais cet excédant de mille livres provenait du butin fait sur les Gaulois, grossi de l’or dont ils avaient dépouillé les temples de la portion de Rome occupée par eux. On sait d’ailleurs que les Gaulois étaient dans l’usage de porter de l’or sur eux dans les combats, témoin l’histoire de Torquatus. Il est donc évident que ce qui fut pris sur les Gaulois et ce qu’ils avaient enlevé aux temples ne fit que doubler la somme de la rançon ; et c’est ce que l’augure entendait lorsqu’il répondit que Jupiter Capitolin avait rendu le double. Ajoutons en passant, puisqu’il est question d’anneaux, que l’officier préposé à la garde de Jupiter Capitolin ayant été arrêté brisa dans sa bouche le chaton de son anneau, et expira sur-le-champ, faisant disparaître le seul témoin du vol. Ainsi donc, l’an de Rome 364, lors de la prise de la ville, il s’y trouvait au plus deux mille livres d’or ; et cependant le cens y avait déjà compté cent cinquante-deux mille cinq cent soixante-treize têtes libres. Dans cette même Rome, trois cent sept ans plus tard, l’or que C. Marius le fils enleva du temple du Capitole incendié et des autres temples, et qu’il transporta à Préneste, montait à treize mille livres : c’est du moins la somme figurant sur l’inscription dans le triomphe de Sylla, qui rapporta à Rome cette dépouille, et de plus six mille livres d’argent. Le même Sylla avait la veille porté en triomphe quinze mille