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Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/406

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livres d’or et cent quinze mille livres d’argent, fruit de ses autres conquêtes.

VI. Il ne paraît pas que l’usage des anneaux ait été commun avant le temps de Cn. Flavius, fils d’Annius. Ce Flavius publia la liste des jours fastes, sur lesquels les citoyens étaient journellement obligés d’interroger un petit nombre de grands personnages. Il était fils d’un affranchi, et il avait été lui-même scribe d’Appius Coccus, sur le conseil duquel il avait recueilli ces jours en consultant continuellement, et en interprétant avec sagacité les réponses. La publication de cette liste lui acquit tant de faveur auprès du peuple, qu’il fut nommé édile curule avec Q. Anicius de Préneste, qui peu d’années auparavant e tait ennemi de Rome, à l’exclusion de C. Poetelius et de Domitius, dont les pères avaient été consuls (ans de Rome 428 et 432). Ce ne fut pas tout ; on le fit en même temps tribun du peuple. Cela suscita une telle indignation, que, au rapport de nos plus anciennes Annales, les anneaux furent déposés. On pense communément que l’ordre équestre en fit autant ; mais c’est une erreur. En effet, ce qui a induit à ajouter aux sénateurs les chevaliers, c’est l’addition : Les phalères furent même déposées. Il est relaté aussi dans les Annales que les anneaux furent déposés par la noblesse, et non par le sénat tout entier. Cela se passait sous le consulat de P. Sempronius et de L. Sul picius (l’an de Rome 449). Flavius voua un temple à la Concorde s’il réconciliait les ordres avec le peuple ; et comme pour cette dépense on ne vota point de fonds de l’Etat, il fit construire avec les amendes infligées aux usuriers ne chapelle d’airain dans la Grécostase (VII, 60, 1), qui alors était au-dessus des Comices. Il grava sur une table d’airain que cette chapelle avait été dédiée deux centquatre ans après le temple du Capitole. Ainsi cela se passa quatre cent quarante-huit ans après la fondation de Rome, et c’est là le premier fait qui montre un usage commun des anneaux. Un second fait, qui est de la deuxième guerre punique, témoigne que cet usage était devenu général ; sans cela, comment Annibal aurait-il pu envoyer ces trois boisseaux d’anneaux à Carthage ? C’est par un anneau disputé dans une enchère que commencèrent les inimitiés entre Caepion et Drusus (XXVIII, 41), d’où vinrent la guerre sociale (II, 85) et tant de désastres. Cependant, alors même tous les sénateurs n’avaient pas d’anneaux d’or, puisque, d’après les souvenirs de nos grands-pères, beaucoup de citoyens qui avaient même été préteurs conservèrent l’anneau de fer jusqu’à la fin de leurs jours. C’est ce que Fenestella rapporte de Calpurnius (XXII, 6) et de Manilius, qui avait été lieutenant de C. Marius dans la guerre de Jugurtha. Beaucoup d’historiens disent la même chose de ce L. Fufidius à qui Scaurus a adressé l’histoire de sa vie. Dans la famille des Quintius, personne, pas même les femmes, ne portait d’or ; et aujourd’hui encore la plus grande partie des peuples de la terre, même de ceux qui vivent sous notre empire, ne connaissent pas l’usage des anneaux. Ni dans l’Orient ni en Egypte on ne se sert de sceau, et maintenant encore toute la garantie est dans l’écriture. En cela comme en tout le reste, le luxe a introduit différentes modes : les uns ont enchâssé dans les anneaux des pierres jetant les feux les plus vifs, et on a chargé ses doigts du patrimoine d’une famille opulente, comme nous le dirons dans le livre des pierreries ; les autres ont gravé diverses figures, en sorte que tantôt l’or et tantôt la matière fait de la bague un objet de prix. Pour certaines pierres, le