Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/410

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aux pieds ; nous aussi, nous avons taxé de crime celui qui le premier a érigé un anneau en décoration personnelle. Eh bien, soit : que les hommes même aient aujourd’hui des bracelets d’or sous la dénomination d’or dardanien, parce que cet usage est venu de Dardanie, bracelets qu’on nomme virioles dans la Celtique, et vicies dans la Celtibérie ; que les femmes portent de l’or aux bras, aux doigts, au cou, aux oreilles, aux tresses de leurs cheveux ; que des chaînes d’or courent autour de leur corsage ; que dans le secret de la nuit des sachets de perles soient suspendus à leur cou, pour que dans le sommeil même elles se sentent en possession de pierres inestimables ; mais faut-il donc encore que l’or revête leurs pieds, et doit-il, entre la stole des matrones et la tunique plébéienne, établir un ordre équestre femelle ? Nous autres homme agissons plus modestement en donnant cette parue à de jeunes pages, dont la riche apparence attire tous les regards dans les bains publics. Au reste, la mode s’introduit parmi les hommes même de porter au doigt l’effigie d’Harpocrate et de divinités égyptiennes. Le règne de Claude vit naître une autre distinction : c’était celle de porter sur l’anneau le portrait du prince gravé en or ; ceux-là seuls avaient ce droit qui l’avaient obtenu de ses affranchis : cela donna lieu à une multitude de délations que le salutaire avènement de Vespasien a rendues impossibles, ce prince ayant déclaré que l’image de l’empereur appartenait à tout le monde. Nous n’en dirons pas davantage sur les anneaux d’or et sur leur usage.

XIII. Le second crime envers l’humanité fut commis par celui qui le premier frappa un denier en or, crime dont l’auteur est également inconnu. Le peuple romain, avant la défaite de Pyrrhus (an de Rome 479), n’avait pas de monnaie d’argent. L’as de cuivre pesait exactement une livre, d’où les noms encore subsistants de libella et de dupondius. De là aussi les amendes fixées en cuivre de poids ; de là aussi, dans les comptes, les mots expensa, impendia, dependere ; de là encore le nom de la solde des soldats, stipendia, c’est-à-dire stipis pondera, ainsi que ceux de dispensatores et libripendes. C’est par un reste de ces usages qu’encore aujourd’hui dans les contrats dits de mancipation la balance est requise. Le roi Servius le premier mit une empreinte aux pièces de cuivre ; avant lui on ne se servait à Rome que de métal sans empreinte, selon Timée. Ce fut le bétail (pecus) qui figura sur cette ancienne monnaie, d’où le nom de pecunia (XVIII, 3, 3). Le cens le plus élevé sous ce roi fut de cent dix mille as : ceux qui possédaient ce capital formèrent la première classe. L’argent ne fut frappé que l’an de Rome 485, sous le consulat de Q. Ogulnius et de C. Fabius, cinq ans avant la première guerre punique. On fixa la valeur du denier à dix livres de cuivre, du quinarius à cinq, et du sesterce à deux et demie. Le poids réel de la livre de cuivre fut diminué durant la première guerre punique, la république ne pouvant faire face à ses dépenses ; et il fut décrété qu’on frapperait des as de deux onces. On gagna de la sorte cinq sixièmes, et on liquida les dettes. La marque de ces nouveaux as fut sur une face un Janus à deux faces, sur l’autre un éperon de navire. Le triens (tiers d’un as) et le quadrans (quart) furent marqués d’un vaisseau. Le quadrans se nommait auparavant teruncius, comme étant de trois onces. Plus tard, Annibal serrant Rome de près, sous la dictature de Q. Fabius Maximus, on fit les as d’une seule once, et il fut