Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/533

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marbre. En Syrie on choisit pour cette opération les pierres les plus dures, et on les calcine avec de la bouse de vache pour accélérer la cuisson. L’expérience a prouvé que le meilleur gypse se fait avec la pierre spéculaire, ou avec une pierre ayant comme elle des feuillets écailleux.

2 Il faut employer le gypse aussitôt après l’avoir détrempé, car II se durcit très vite. Toutefois il se laisse de nouveau triturer et réduire en poudre. Le gypse est excellent pour faire les crépissages, et pour orner les écussons et les couronnements des édifices. Il est au sujet du gypse un fait mémorable : C. Proculéius (VII, 46), qui jouissait de l’amitié de l’empereur Auguste, avala du gypse dans une très violente douleur d’estomac, et se donna la mort.

LX

1 Les carrelages sont une invention des Grecs, qui arrivèrent à en faire une sorte de peinture, jusqu’au temps où les mosaïques en prirent la place. Dans ce dernier genre l’artiste le plus célèbre fut Sosus, qui fit a Pergame l’Asarotos oecos (maison non balayée); on la nomme ainsi, parce qu’il avait représenté en petits carreaux teints de différentes couleurs les débris du repas qu’on a coutume d’enlever avec le balai, et qui là semblent avoir été laissés. On y admire une colombe qui boit, et dont la tête jette de l’ombre sur l’eau; on en voit d’autres qui s’épluchent au soleil, sur le bord d’un canthare.

LXI

1 Je crois que les premiers carrelages sont ceux que nous nommons maintenant barbariques et sous-couverts; en Italie ce pavage se faisait avec la hie, du moins on peut le comprendre par le nom même qu’il porte (pavimentum). Le premier carrelage en maille fut fait à Rome dans le temple de Jupiter Capitolin, après le commencement de la troisième guerre punique. Que les carrelages aient été communs et très goûtés avant la guerre des Cimbres, c’est ce qu’indique ce vers de Lucilius : "Un carrelage orné avec art de couleurs et de dessins."

LXII

1 Les Grecs ont inventé les toits en terrasse. Cette toiture est bonne, dans les contrées chaudes, mais elle manque le but dans les pays où les pluies se gèlent. On commence par faire deux lits de linteaux ; on en cloue les extrémités, pour qu’il ne survienne point d’inflexion; on étend sur ce plancher un hourdage neuf auquel on a ajouté un tiers de tessons pilés, puis on met un second hourdage épais d’un pied, dans lequel on a fait entrer deux cinquièmes de chaux, et que l’on foule avec la hie. Alors on étend le noyau qui est une couche épaisse de six doigts, et sur le tout on pose un lit de grandes pierres plates, épaisses de deux doigts au moins. La pente de ce carrelage sera d’un pouce et demi par dix pieds. On unira bien la surface avec une pierre à polir. On pense que le plancher ne doit pas être en ais de chêne, parce que ce bois s’infléchit. On croit à propos de le recouvrir d’un lit de fougère et de paille, pour qu’il sente moins l’action de la chaux. Il est nécessaire de faire avant le hourdage un lit des pierres globuleuses. On construit de même les carrelages de mosaïque en forme d’épi.

LXIII

1 Il ne faut pas omettre non plus une espèce de carrelage, le carrelage à la grecque. On hie le sol ; on met un hourdage ou un lit de tessons, puis une couche, fortement foulée, de charbon, de sable, de chaux et de cendre mêlés ensemble ; à cette couche, la règle et le niveau à la main, on donne une épaisseur d’un demi-pied. La surface alors a l’aspect du sol ; mais