Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/176

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Virg., Égl. V, 66, les distingue en disant que altare ne s’entend que des autels élevés aux dieux du ciel, tandis que ara désigne également les autels de tous les dieux. Mais cette distinction ne peut avoir lieu ici ; la seule qu’on puisse y voir, c’est que altare donne, l’idée de quelque chose de plus majestueux encore et de plus auguste que ara ce qui explique pourquoi Pline a employé ces deux mots à la fois. Cf. Tacite, Ann. XVI, 31, et la note, t. III, p. 567 de ma Traduction.

6. Libertas, fides, veritas. L’indépendance d’un homme qui dit tout ce qu’il pense, et qui ne dit rien que ce qu’il pense, libertas ; la bonne foi d’un homme convaincu, et qui parle avec candeur et sincérité, fides ; enfin la vérité, effet naturel de la bonne foi et de l’indépendance, veritas.

II. 2. Nihil quale ante dicamus. Schwartz lit quale antea, sans doute à cause d’un autre antea qui vient ensuite. Nos 3 mss. et l’ancienne éd. de la Bibl. de. S. Geneviève portent ante dicamus ;… antea patimur.— Un peu plus bas, les 3 mss. neque enim eadem quæ prius secreto loquimur. J’ai suivi le texte de Schæfer.

5. Dignosque nos illis usu probemus. J’ai averti, dans une variante, que tous les mss. portaient illius usu. Schwartz défend cette leçon par des raisons longuement déduites, et qui ne sont pas concluantes : il veut que l’on construise dignos illius, dignes de lui, de Trajan. Il serait plus naturel de construire dignos usu illius, dignes de jouir d’un tel prince. Avec cette explication, le texte des mss. pourrait se soutenir ; usu illius serait même justifié en quelque sorte par une phrase du ch. 77 : Tolerabilius fuit experimentum tui nobis, quam usum, negari. Il faut convenir cependant que bona nostra semble appeler nécessairement illis, et que, sous la plume des copistes, qui souvent écrivaient en abrégé, la confusion était facile entre illis usu et illius usu.

6. Formosum alium. Domitien, dit Suétone, 18, était pulcher ac decens, maxime in juventa, et quidem toto corpore. Il perdit ses cheveux de bonne heure, et il fut si sensible à cette disgrâce, que nulle part on ne pouvait rire d’une personne chauve sans que l’empereur se crut offensé. Il n’est pasétonnant qu’un prince qui tenait si fort à ses avantages naturels fût bien aise d’entendre le peuple, dans ses acclamations,