Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/177

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l’appeler le plus beau des hommes, et l’adulation ne pouvait négliger ce moyen de lui plaire.

Gestum alterius et vocem. Néron était joueur de lyre, chanteur, tragédien. Voyez Tacite, Ann. XIV, 14, 15 ; XV, 33 ; XVI, 4, 5 ; Suétone, Nér., 20 sqq.

7. Quid ? nos ipsi divinitatem, etc. Domitien poussait l’orgueil et l’impiété jusqu’à se décerner l’apothéose, même de son vivant. Il voulait que les lettres officielles de ses procurateurs commençassent par cette formule : Dominus ac Deus noster hoc fieri jubet ; et nul ne pouvait lui écrire ni lui parler sans lui donner ces mêmes titres de Seigneur et de Dieu (Suétone, Dom., 13 ; Dion, LXVII, 13).

8. Quam commune, quam ex æquo. etc. Ces mots ne signifient pas, comme traduit de Sacy, « Pourrait-on se récrier plus unanimement que nous le faisons sur son bonheur et sur le nôtre ? » Ils veulent dire que le sénat, en s’écriant, felices nos ! felicem illum ! a traité le prince comme un simple membre de la communauté sénatoriale, et qu’il a agi avec lui sur le pied d’une égalité parfaite. Déjà le contre-sens de l’ancien traducteur a été relevé avec beaucoup de justesse par M. Pierrot, dans l’éd. Panckoucke.

III. 4. Ne gratus ingratusve videar. On pourrait demander si ces mots gratus ingratusve ne signifieraient pas reconnaissant ou ingrat. Ce qui me semble décider la question en faveur du sens que j’ai adopté, c’est le gratiorem qui vient trois lignes plus bas, et qui signifie évidemment plus agréable aux dieux.

IV. 1. Quod ex utilitate publica placuit. Les mss. et les imprimés étant partagés entre quod et quo, j’ai suivi le plus grand nombre des autorités. Je regarde quod comme une conjonction, et j’explique littéralement, « en ce qu’il a plu [au sénat] que, sous le titre d’actions de grâces, les bons princes entendissent la voix du consul proclamer ce qu’ils font ; les mauvais ce qu’ils devraient faire. » Cette phrase, pour le dire en passant, justifie toutes les louanges que Pline donne à Trajan, et absout l’orateur du reproche de flatterie. Ce discours est encore moins l’éloge d’un bon prince, qu’une leçon et un encouragement pour ses successeurs.