Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/34

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ne se contente plus d’admirer ce que l’on croyait inimitable ; on se sent piqué d’une noble émulation d’imiter ce qu’on admire.

Tel est l’effet le plus ordinaire des Lettres de Pline. On ne peut, quand on les lit, ne le pas estimer, ne le pas aimer. On sent un désir secret de lui ressembler. Vous ne voyez partout que candeur, que désintéressement, que reconnaissance, que frugalité, que modestie, que fidélité pour ses amis à l’épreuve de la disgrâce et de la mort même ; enfin, qu’horreur pour le vice, et passion pour la vertu.

J’ai donc cru que l’on ne pouvait trop mettre entre les mains de tout le monde, ce qui peut être utile à tout le monde. Pline, dans les premiers rangs du barreau, de la magistrature et de la cour, nous montre que l’on peut être habile avocat, et fort poli ; grand magistrat, et fort affable ; délié courtisan, et fort sincère : en un mot, que tous les défauts appartiennent aux hommes, et non pas à leurs professions. Avec lui, l’on apprend à exercer les plus illustres emplois, et mieux encore à s’en passer. Aux uns, il enseigne à se. posséder dans la vie tumultueuse ; aux autres, à jouir de la vie privée, à ne point chercher la gloire dans l’approbation des hommes, mais dans le témoignage de la conscience, et, pour tout dire, à ne point connaître de mérite sans probité.