Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/51

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demandait, et il n’en demanda que pour les autres. Un homme qui ne connaissait rien de plus précieux que de faire du bien, n’était point gêné par cette basse politique de la plupart des courtisans, qui craignent d’user leur crédit, dès qu’il le faut employer pour autrui. Jamais plus éloquent, jamais plus vif que dans ces occasions, s’il fallait solliciter un gouvernement, une charge, une grâce pour quelqu’un de ses amis, on eût dit que du succès de la sollicitation dépendait toute sa fortune. Les seules faveurs qu’il se réserva de demander pour lui, ce fut de pouvoir offrir lui-même, en qualité d’augure, des sacrifices pour un prince qu’il aimait sincèrement, et de jouir du droit de ceux qui ont trois enfans, après deux mariages qui ne lui en avaient point donné.

On ne sait rien de sa première femme, si ce n’est qu’elle venait de mourir, lorsqu’il entreprit de venger la mémoire d’Helvidius.

Sa seconde femme s’appelait Calphurnie. Comme elle était fort jeune quand il l’épousa, et qu’elle avait beaucoup d’esprit, il n’eut pas de peine à lui inspirer le goût des belles-lettres. Elle en fit toute sa passion ; mais elle la concilia toujours si bien avec l’attachement qu’elle avait pour son mari, que l’on ne pouvait dire si elle aimait Pline pour les belles-lettres, ou les belles-lettres pour Pline.

S’il plaidait quelque cause importante, et que gênée par la bienséance, elle ne pût l’entendre, elle chargeait toujours plusieurs personnes de venir lui apprendre les premières nouvelles du succès ; et l’agitation où la mettait cette attente, ne cessait que par leur retour. S’il lisait quelque harangue, ou quelqu’autre pièce dans une assemblée d’amis, elle ne manquait jamais de se ménager