Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/52

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quelque place, d’où elle pût, derrière un rideau, ou voilée, recueillir elle-même les applaudissemens qu’il s’attirait. Elle tenait continuellement en ses mains les ouvrages qu’il avait composés ; et, sans le secours d’autre maître que de son amour, elle composait sur sa lyre des airs pour les vers qu’il avait faits.

Une femme de ce caractère méritait bien d’être aimée. Elle le fut ; mais avec des sentimens si tendres, que lorsqu’on les retrouve dans les lettres que Pline lui écrivait, on n’y sent guère moins le mérite et les charmes de celle qui fait penser de la sorte, que l’esprit et la douceur de celui qui sait si délicatement s’exprimer.

Il ne manquait à ce mariage, pour le rendre parfaitement heureux, que des enfans. Pline se croyait à la veille de jouir d’un bien qu’il désirait si fort, lorsque sa femme se blessa. Il se consola par les espérances qu’il fondait sur cet accident même. Les suites en furent pourtant plus tristes qu’il ne l’avait appréhendé. Elle guérit, à la vérité, et vécut assez long-temps ; mais elle ne lui laissa point de postérité.

Il eut pour amis tout ce qu’il y avait de grands hommes dans son siècle ; entre ceux que leurs rares vertus distinguaient, Virginius Rufus, qui refusa l’empire ; Corellius, que l’on regardait comme un prodige de sagesse et de probité ; Helvidius, dont nous avons déjà parlé ; Rusticus Arulenus et Sénécion, que Domitien fit mourir : entre ceux que les belles-lettres ont rendus illustres, Quintilien, qui avait été son maître ; Corneille Tacite et Suétone, célèbres, l’un par ses Annales, l’autre par ses Vies des empereurs ; Frontinus, Ariston, Neratius, fameux jurisconsultes ; Silius Italicus et Martial, poètes. Son amitié fut aussi douce que solide. Il n’avait rien