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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

deux opinions, peut-être pourrait-on montrer qu’elles ne sont pas incompatibles. En effet, quand on attribue à l’âme l’infaillibilité, c’est qu’on la suppose une et simple, en identifiant l’âme et l’essence de l’âme. Quand on la dit faillible, c’est qu’on la suppose complexe, et qu’on ajoute à son essence une autre espèce d’âme qui peut éprouver les passions brutales. L’âme ainsi conçue est un composé, résultant d’éléments divers : c’est ce composé qui éprouve des passions, qui commet des fautes ; c’est lui aussi, et non l’âme pure, qui subit les châtiments. » (Enn. I, liv. i, § 12, p. 48.)

Il faut rapprocher ce passage des § 13 et 14 du livre viii, p. 135-138, où Plotin s’exprime à ce sujet d’une façon plus explicite encore :

« L’homme vicieux meurt autant que l’âme peut mourir. Or, mourir pour l’âme, c’est, quand elle est plongée dans le corps, s’enfoncer dans la matière et s’en remplir ; puis, quand elle a quitté le corps retomber encore dans la même boue jusqu’à ce qu’elle opère son retour dans le monde intelligible et qu’elle détache ses regards de ce bourbier[1]. Tant qu’elle y reste, on dit qu’elle est descendue aux enfers et qu’elle y sommeille... Descendre dans la matière, voilà la chute de l’âme : de là dérive aussi sa faiblesse... La matière est donc pour l’âme une cause de vice[2]. »

On retrouve les mêmes idées dans le passage suivant de Macrobe (Commentaire sur le Songe de Scipion, I, 11) :

Dicendum est quid his postea veri sollicitior inquisitor philosophiæ cultus adjecerit : nam et qui primum Pythagoram et qui postea Platonem sequuti sunt, duas esse mortes, unam animaæ, animalis alteram prodiderunt : mori animal, quum anima discedit e corpore, ipsam vero animam mori[3] asserentes, quum a simplici et individuo fonte naturæ in membra corporea dissipatur. Et quia una ex his manifesta et omnibus nota est, altera non nisi a sapientibus deprehensa, ceteris eam vitam esse credentibus ; ideo hoc ignoratur a plurimis cur eumdem mortis deum, modo Ditem, modo immitem vocemus : quum per alteram, id est animalis mortem, absolvi animam et ad veras naturæ divitias atque ad propriam libertatem remitti, faustum nomen indicio sit ; per alteram vero, quæ vulgo vita existimatur, animam de immortalitatis suæ luce ad quasdam tenebras mortis impelli[4], vocabuli testemur horrore : nam, ut constet animal, necesse est ut incorpore anima vin-

  1. Voy. Platon, ibid..
  2. Voy. encore Enn. I, liv. ii, § 3, p, 55 ; liv. vi, § 5, p. 106. Pour les éclaircissements relatifs à cette théorie, Voy. la Note sur le liv. viii de l’Ennéade I.
  3. Voy. Enn. I liv. viii, § 13, p, 135.
  4. Voy. ibid., § 14, p. 138.