de notre âme ; le courage, à la partie irascible ; la tempérance consiste dans l’accord et l’harmonie de la partie concupiscible et de la raison ; la justice enfin, dans l’accomplissement par toutes ces facultés de la fonction propre à chacune d’elles, soit pour commander, soit pour obéir[1]. »
2o Les vertus de l’homme qui tâche de s’élever à la contemplation consistent à se détacher des choses d’ici-bas : aussi les appelle-t-on des purifications (ϰαθάρσεις)[2]. Elles nous commandent de nous abstenir des actes qui mettent en jeu les organes et des affections qui se rapportent au corps. L’objet de ces vertus est d’élever l’âme à l’être véritable. Tandis que les vertus civiles sont l’ornement de la vie mortelle et préparent aux vertus purificatives, ces dernières commandent à l’homme qu’elles embellissent de s’abstenir des actes dans lesquels le corps joue le rôle principal. Aussi, dans les vertus purificatives, « la prudence consiste à ne pas opiner avec le corps, mais à agir par soi-même, ce qui est l’œuvre de la pensée pure ; la tempérance, à ne pas partager les passions du corps ; le courage, à ne pas craindre d’en être séparé, comme si la mort plongeait l’homme dans le vide et le néant ; la justice enfin exige que la raison et l’intelligence commandent et soient obéies. » Les vertus civiles modèrent les passions : elles ont pour but de nous apprendre à vivre conformément aux lois de la nature humaine. Les vertus contemplatives arrachent de l’âme les passions : elles ont pour but de rendre l’homme semblable à Dieu[3].
Autre chose est se purifier, autre chose être pur. Aussi les vertus purificatives (ϰαθαρτιϰαὶ ἀρεταὶ) peuvent, comme la purification elle-même, être considérées sous deux points de vue : elles purifient l’âme, et elles ornent l’âme qui est purifiée, parce que le but de la purification est la pureté. Mais, « puisque la purification et la pureté consistent à s’être séparé de toute chose étrangère, le bien est autre chose que l’âme qui se purifie. Si l’âme qui se purifie eût
- ↑ Nous mettons entre guillemets les phrases où Porphyre reproduit les termes mêmes de Plotin.
- ↑ Voy. Enn. I, liv. II, § 3, p. 55.
- ↑ Porphyre dit dans sa Lettre à Marcella : « Le meilleur culte que tu puisses rendre à Dieu, c’est de former ton âme à sa ressemblance : car seule la vertu élève l’âme vers la patrie d’où elle est issue. Il n’est rien de grand après Dieu que la vertu ; mais Dieu est plus grand que la vertu. Ce ne sont pas les discours du sage qui ont du prix près de Dieu, mais ses œuvres… C’est l’homme lui-même, par ses propres œuvres, qui se rend agréable à Dieu, qui se divinise en conformant son âme à l’Être qui jouit d’une incorruptible béatitude. » Voy. M. Vacherot, Histoire de l’École d’Alexandrie, t. II, p. 115.