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LIVRE SIXIÈME.


Examinons donc comment ces faits ont lieu.

II. Qu’arrive-t-il à l’âme quand il y a en elle un vice ? car on dit : arracher de l’âme un vice, y introduire la vertu, l’orner, y remplacer la laideur par la beauté.

Admettons, conformément à l’opinion des anciens, que la vertu est une harmonie[1] et la méchanceté le contraire : c’est le moyen de résoudre la question que nous nous sommes posée. En effet, quand les parties de l’âme [la partie raisonnable, la partie irascible, la partie concupiscible] seront en harmonie les unes avec les autres, il y aura vertu[2]) ; dans le cas contraire, il y aura vice. Mais, dans ces deux cas, rien d’étranger à l’âme ne s’introduit en elle[3] ; ses parties restent chacune ce qu’elles sont, tout en concourant à l’harmonie. D’un autre côté, elles ne sauraient, quand il y a dissonance, jouer le même rôle que les personnages d’un chœur qui dansent et chantent d’accord, quoiqu’ils ne remplissent pas tous les mêmes fonctions, que l’un chante pendant que les autres se taisent, et que chacun chante sa partie propre : car il ne suffit pas que tous chantent d’accord ; il faut encore que chacun chante convenablement sa partie. Il y a donc harmonie dans l’âme quand

    desquelles on pourrait induire que l’âme est étendue et s’accroît avec le corps : « Quod si te illud movet, quod solemus eam quam Græci μαϰροθυμίαν vocant longanimitatem interpretari, animadvertere licet a corpore ad animum multa verba transferri, sicut iab animo ad corpus ; nam si montem improbum et justisimam tellurem dixit Virgiiius, quæ verba cernis ab animo ad corpora esse translata, quidmirum si mutua vice longanimitatem dicimus, quum longa nisi corpora esse non possint. Ea vero inter virtutes quæ appelletur animi magnitudo ad nullum spatium, sed ad vim quamdam, id est ad potestatem potentiamque animi, relata recte intelligitur, etc. » (De Quantitate animœ, 17.)

  1. Voy. Platon, Phédon, p. 127 ; ὡς φιλοσοφίας μὲν οὔσης μεγίστης μουσιϰῆς.
  2. Voy. Enn. I, liv. II, § 1 ; t. I, p, 52.
  3. « Les monades n’ont pas de fenêtres par lesquelles quelque chose puisse y entrer, etc. » (Leibnitz, Monadologie, § 8)