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TROISIÈME ENNÉADE.


pas que l’âme s’agite pour produire ces mouvements[1], mais qu’ils ont leur origine en elle[2]. Quand nous appelons la vie un mouvement, nous n’attachons pas à ce mot le sens d’altération : car agir selon sa nature est la vie simple et indivisible de chaque partie de l’âme.

En résumé, nous affirmons que l’action, la vie, le désir ne sont pas des altérations, que les souvenirs ne sont pas des formes imprimées dans l’âme, ni les actes de l’imagination des empreintes semblables à celles qu’un cachet produit sur la cire[3]. Il en résulte que, dans tous les faits qu’on nomme des passions ou des mouvements, l’âme n’éprouve aucun changement dans sa substance et son essence ; que la vertu et le vice ne sont pas en elle ce que la chaleur, le froid, la blancheur, la noirceur sont dans le corps, mais qu’elle est avec la vertu et le vice dans un rapport tout différent, comme nous venons de l’expliquer.

IV. Passons maintenant à la partie de l’âme qu’on nomme la partie passive (τὸ παθητιϰὸν). Nous en avons déjà parlé [dans le § 3] en traitant de toutes les passions qui se rapportent à la partie irascible et à la partie concupiscible ;

  1. Plotin dit de même ailleurs, en parlant de la conscience : « Pour se considérer elle-même, l’âme n’aura nullement à se mouvoir, ou bien, si on lui attribue le mouvement, il faut que ce soit un mouvement qui diffère tout à fait de celui des corps, qui soit sa vie propre. » (Enn. I, liv. I, § 13 ; t. I, p. 50.)
  2. « Quum ab eisdem suis operationibus aliquid [anima] patitur, a se ipsa patitur, non a corpore. » (S. Augustin, De Musica, VI, 5.)
  3. ϰαὶ μνήμας οὐ τύπους ἐναποσφραγιζομένους, οὐδὲ τὰς φαντασίας ὡς ἐν ϰηρῷ τυπώσεις. Voy. ci-dessus p. 123, note 2.