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LIVRE SEPTIÈME.


d’intervalle. Or, c’est là l’éternité que nous cherchons.

III. L’éternité n’est pas un accident extrinsèque de l’Être intelligible ; elle est en lui, de lui, avec lui. Nous voyons qu’elle est intimement unie à l’Être, parce que nous voyons que toutes les autres choses, dont nous disons qu’elles existent là haut (ἐϰεῖ), sont de cet Être et avec lui : car les choses qui occupent le premier rang dans l’existence doivent être unies aux premiers êtres et y subsister ; c’est ainsi que le Beau est en eux et provient d’eux ; c’est ainsi qu’en eux réside également la Vérité. Là, le tout est sous un certain rapport dans la partie ; les parties sont aussi dans le tout, parce que ce tout, étant véritablement tout, n’est pas composé de parties, mais engendre les parties mêmes, condition nécessaire pour qu’il soit un véritable tout. En outre, dans ce tout, la Vérité ne consiste pas dans l’accord d’une notion avec une autre, mais est l’essence même de chacune des choses dont elle est la vérité. Ce tout véritable, pour être réellement tout, doit être tout non-seulement en ce sens qu’il est toutes choses, mais encore en ce sens que rien ne lui manque. S’il en est ainsi, rien ne sera pour lui : car, dire qu’une chose sera pour lui, c’est supposer qu’il en manquait précédemment, qu’il n’était pas encore tout ; d’ailleurs, il ne peut lui arriver rien de contraire à sa nature parce qu’il est impassible. Puisque rien ne saurait lui arriver, rien ne doit être, ne sera, n’a été pour lui.

Ôtez aux choses engendrées leur futur (τὸ ἔσται), comme leur existence consiste à acquérir perpétuellement, dès ce moment elles ne seront plus rien. Donnez le futur aux choses d’une nature opposée, vous les faites déchoir du rang d’essences ; évidemment, elles ne posséderont pas l’être par elles-mêmes, si leur être consiste dans le futur et le passé[1]. L’essence des choses engendrées consiste au

  1. « Nondum intelligunt quomodo fiant quæ per te et in te fiunt,