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LIVRE SEPTIÈME.


cipe [l’Âme universelle], toutes ont une vie propre, sont des essences indivisibles et incorporelles.

Si l’on dit qu’il faut que l’âme humaine se décompose parce qu’elle comprend trois parties[1], nous répondrons que, lorsque les âmes sortent d’ici-bas, celles qui sont purifiées quittent ce qui leur avait été ajouté dans la génération[2], que les autres s’en affranchissent avec le temps. Au reste, cette partie inférieure de l’âme elle-même ne périt pas ; elle existe aussi longtemps que le principe dont elle procède. En effet, rien de ce qui existe ne s’anéantit.

XV. Voilà ce que nous avions à dire sur ce sujet à ceux qui veulent une démonstration. Quant à ceux qui demandent le témoignage de la foi et des sens, il faut, pour les satisfaire, extraire de l’histoire les preuves nombreuses qu’elle fournit[3], citer les oracles rendus par les dieux qui ordonnent d’apaiser les âmes victimes d’une injustice et d’honorer les morts[4], d’après les rites observés par tous les hommes envers ceux qui ne sont plus[5] ; ce qui suppose

    nion de Platon et d’Aristote : « Le végétal vit et n’est pas autre chose qu’un animal ; mais il est fixé d’une manière immobile et enraciné dans la terre, parce qu’il est privé de la faculté de se mouvoir lui-même… » (Platon, Timée, p. 77 ; p. 207 de la trad. de M. H. Martin.) « Le principe qui est dans les plantes paraît bien aussi une sorte d’âme : car les animaux et les plantes n’ont de commun que cette seule âme. » (Aristote, De l’Âme, I, 5 ; p. 160 de la trad.)

  1. Voy. Porphyre, Des Facultés de l’âme, t. I, p. XCII.
  2. Ce qui est ajouté à l’âme raisonnable dans la génération, c’est l’âme irraisonnable qui en procède (t. I, p. 49, 324). Plotin dit ensuite que l’âme irraisonnable ne périt pas, parce qu’à la mort elle rentre dans le principe dont elle était émanée, c’est-à-dire qu’au lieu d’exister en acte elle n’existe plus qu’en puissance. Voy. ci-dessus le livre V, § 7, p. 423.
  3. C’est ce que fait Cicéron, par exemple, dans les Tusculanes, I, 12-16.
  4. Porphyre avait, dans ce but, composé un traité intitulé : Philosophie tirée des oracles, dont Eusèbe nous a conservé des fragments.
  5. Voy. Platon dans Diogène Laërce, III, § 83. De là, chez les Romains, ce qu’on appelait Jura Manium.