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LIVRE HUITIÈME.


les unes supérieures, les autres inférieures, les unes plus intellectuelles et les autres moins intellectuelles[1]. En effet, dans le monde intelligible, d’un côté il y a l’Intelligence universelle] qui, semblable à un grand animal, contient en puissance les autres intelligences ; d’un autre côté, les intelligences particulières, qui ont chacune en acte ce que la première contient en puissance[2]. Supposons une cité vivante qui renferme d’autres cités également vivantes : l’Âme de la cité universelle serait plus parfaite et plus puissante ; rien cependant n’empêcherait les âmes des autres cités d’être de la même nature. De même encore, dans le feu universel, il y a d’un côté un grand feu, et d’un autre côté de petits feux, tandis que l’essence universelle est l’essence du feu universel, ou plutôt est la source de laquelle procède l’essence du feu universel.

La fonction de l’âme raisonnable est de penser, mais elle

  1. « Les âmes particulières ne sont pas dans l’Âme universelle comme des corps, c’est-à-dire comme des substances réellement différentes ; ce sont des actes divers de l’Âme universelle. En effet, la puissance de l’Âme universelle est infinie, et tout ce qui participe à elle est âme ; toutes les âmes forment l’Âme universelle, et cependant l’Âme universelle existe indépendamment de toutes les âmes particulières. De même qu’on n’arrive point à l’incorporel en divisant les corps à l’infini, parce que cette division ne les modifie que sous le rapport du volume ; de même, en divisant à l’infini l’Âme, qui est l’Espèce vivante, on n’arrive qu’à des espèces : car l’Âme contient des différences spécifiques, et elle existe tout entière avec elles aussi bien que sans elles. » (Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XXXIX ; t. I, p. LXXX.)
  2. « La substance intellectuelle est composée de par des semblables, de telle sorte que les essences existent à la fois dans l’Intelligence particulière et dans l’Intelligence universelle. Mais, dans l’Intelligence universelle, les essences particulières elles-mêmes sont conçues universellement ; dans l’intelligence particulière, les essences universelles sont conçues particulièrement, aussi bien que les essences particulières » (Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XXXIV ; t. I, p. LXXIV.)