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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRE V.


c’est la véritable sagesse, qui, sans se laisser captiver par les attraits matériels de Circé, tourne tous ses désirs vers le ciel[1]. Le fleuve du Léthé, c’est cette union avec le corps qui fait oublier à l’âme sa véritable nature[2]. La matière, c’est la stérile Rhée opposée au fécond Hermès[3]. La contemplation de l’Un, c’est cette suprême révélation des mystères que l’hiérophante seul voit dans le sanctuaire et qu’il ne peut communiquer qu’aux initiés[4].

Ces interprétations spiritualistes de la mythologie n’étaient pas pour Plotin un simple jeu d’esprit. Il nous parle des anciens sages qui ont fondé le culte et les mystères ; il regarde les traditions sacrées comme des pressentiments vagues et instinctifs d’une vérité plus élevée, et il attribue l’obscurité qui les enveloppe à l’enfance de la pensée humaine[5]. À propos de cette antique sagesse il mentionne celle des prêtres égyptiens, mais il n’essaie point de la réduire en système et de l’interpréter. »

§ II. explication du mythe de la naissance de l’amour.

Beaucoup d’auteurs, outre Plotin, ont essayé d’expliquer le mythe de Platon sur la naissance de l’Amour. Voici les principaux :

Parmi les anciens, Plutarque, Sur Isis et Osiris, p. 372, 374 ;
Maxime de Tyr, Dissertations, x, 4 ; xxiv, 4, 9 ;
Origène, Contre Celse, IV ;
Thémistius, Discours, 24, p. 305 ;
Porphyre, Principes de ta théorie des intelligibles, § xxxix, t. I, p. lxxxvi. Jamblique (dans Simplicius, Commentaire sur les Catégories d’Aristote, folio 95) ;
Proclus : Théologie selon Platon, I, 28 ; Commentaire sur le Parménide, t. V, p. 149, éd. de M. Cousin ;
Parmi les modernes, Marsile Ficin : Opera, éd. de Bâle, t. II, p. 1344-1349 ;
Fr. Patrizzi, Discussiones peripateticœ, p. 136 ;
Stallbaum : Diatribe in mythum Platonis de dioini amoris ortu (Leipsick, 1854) ;
Alb. Jahn : Dissertatio platonica, qua tum De Causa et natura Mythorum platonicorum disputatur, tum Mythus de Amoris ortu, sorte et indole, a Diotima in Convivio narratus, explicatur. Accedunt scholia et enarratio eorum, quæ inde a Plutarcho ad illustrandum mythum allata fuerunt (Berne, 1839).

  1. Voy. Enn. I, liv. VI, § 8 ; t. I, p. 111.
  2. Voy. Enn. IV, liv. III, § 26 ; t. II, p. 319.
  3. Voy. Enn. IV, liv. VI, § 19 ; t. II, p. 169.
  4. Voy. Enn. VI, liv. IX, § 11.
  5. Voy. les Éclaircissements du tome I, p. 498.