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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


À la suite de cet écrit, M. Creuzer a publié (p. 1433-1447) un autre écrit du même genre, intitulé simplement Διάλογος περὶ ψυχῆς (Dialogos peri psychês), sans nom d’auteur. Ce dialogue paraît n’être qu’une imitation du précédent.

Malgré cette polémique, les auteurs chrétiens de l’Église grecque ont emprunté à la Psychologie néoplatonicienne certaines théories qui pouvaient servir à l’explication et à la démonstration des dogmes chrétiens. Saint Grégoire de Nysse, par exemple, professe sur l’union de l’âme et du corps la même doctrine que Plotin, et il s’en sert pour expliquer comment le Christ a pu unir en sa personne la nature divine à la nature humaine (Catechetica oratio, t. III, p. 65-66)[1]. Cette théorie, qui se retrouve aussi dans saint Augustin (Voy. ci-après, p. 591), est fort bien exposée par Némésius. Après avoir cité le fragment qu’il nous a conservé d’Ammonius Saccas sur l’union de l’âme et du corps (Voy. notre tome I, p. XCV-XCVIII), cet auteur ajoute ces mots : « Mais cette expression serait plus juste si on l’appliquait à l’union du Verbe divin avec l’homme, qui se fait sans que le Verbe soit confondu avec l’homme ni renfermé dans lui, etc. » (De la Nature de l’homme, ch. III, p. 71 de la trad. de M. Thibault.) Némésius invoque même à ce sujet le témoignage de Porphyre, qui n’est ici que l’écho de Plotin, et cite un passage de ce philosophe sur l’union de l’âme et du corps (Voy. notre tome I, p. LXXVII, note 1).

2. Synésius.

Cet évêque, dont nous avons déjà eu occasion de faire des citations ci-dessus (p. 521 et p. 579, note 2), a composé un Traité des rêves dans lequel on retrouve beaucoup des idées que Plotin professe sur l’âme et sur la Providence. Nous nous bornerons à en donner un passage très-intéressant dans lequel se trouve développée la doctrine psychologique de notre auteur sur la divination et la magie[2] :

« Toutes les choses sont des signes les unes des autres, parce qu’il y a de l’affinité entre tous les êtres qui sont contenus dans l’animal universel, c’est-à-dire dans le monde. Ce sont des lettres diverses, phéniciennes, égyptiennes, assyriennes, tracées dans le grand livre de l’univers[3]. Elles sont déchiffrées par le sage, c’est-à-

  1. Voy. aussi le passage de saint Basile qui est cité dans notre tome I, p. XCVII, note 2.
  2. Voy. les Œuvres de Synésius, p. 133. éd. Petau. Nicéphore Grégoras a composé sur ce traité de Synésius un Commentaire qui se trouve dans l’édition à laquelle nous renvoyons.
  3. Voy. Plotin : Enn. II, liv. III, § 7, t. I, p. 174 ; Enn. III, liv. I, § 6, fin ; t. II, p. 12-13.