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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRES III, IV, V.


impassible (p. 125, 146). De là résulte qu’elle est immortelle (p. 440, 451, 452, 455, 458, 462, 463, 467, 469, 472). »

Voici pour la nature de l’âme et ses rapports avec le corps. Passons maintenant aux facultés :

La sensation n’est pas un fait passif, mais un acte, lequel consiste à percevoir la modification passive éprouvée par l’organe (p. 129 ; Voy., pour la vue en particulier, p. 416, 426, 427). Le plaisir et la douleur naissent de l’union de l’âme avec le corps (p. 133). Les passions sont liées à l’opinion et à l’imagination (p. 136). De là résulte la concupiscence (p. 138).

La mémoire ne dépend pas des organes (p. 316) ; elle est liée à l’imagination (p. 324, 431). C’est une puissance essentiellement active (p. 432). Il y a deux mémoires, la mémoire sensible et la mémoire intellectuelle ; la seconde est supérieure à la première, comme l’âme raisonnable l’est à l’âme irraisonnable (p. 328). La mémoire ne s’appliquant qu’aux choses qui passent, le sage n’a pas besoin de la mémoire parce que, contemplant toujours l’Intelligence divine, il possède toujours présentes toutes les choses qu’il y contemple (p. 314).

Le raisonnement est une faculté discursive, tandis que la raison est une faculté intuitive, dont l’exercice est lié à celui de l’intelligence (p. 299). L’âme connait ses opérations par le sens intérieur et par la raison[1].

L’Âme contemple les choses intelligibles par sa partie supérieure, c’est-à-dire par la raison et l’intelligence ; pour avoir l’intuition des choses intelligibles, il lui suffit de s’y appliquer (p. 337, 428, 553). L’intuition intellectuelle est analogue à l’intuition sensible (p. 430).

Les idées (ideœ, formœ, species, rationes, p. 352) sont identiques à l’Intelligence divine (p. 353)[2]. C’est leur contemplation qui éclaire

  1. « Arbitror etiam illud esse manifestum sensum illum interiorem non ea tantum sentire quæ acceperit a quinque sensibus corporis, sed etiam ipsos ab eo sentiri… Manifesta enim sunt sensu corporis sentiri corporalia ; eumdem autem sensum hoc eodem sensu non posse non sentiri ; sensu autem interiore et corporalia per sensum corporis sentiri et ipsum corporis sensum ; ratione vero et illa omnia et eamdem ipsam notam fieri, et scientia contineri. » (S. Augustin, De Libero arbitrio, II, 4.) Pour la doctrine de Plotin sur la conscience, Voy. notre tome I, p. 353-355.
  2. Plotin a le premier démontré l’identité de l’Intelligence divine et des idées, comme l’atteste Porphyre (Voy. notre tome I, p. 19). C’est le sujet du livre V de l’Ennéade V : Les intelligibles ne sont pas hors de l’Intelligence.