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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


l’intelligence humaine (p. 337) ; aussi cette contemplation est-elle commune à tous les hommes[1].

Les sept degrés de la vie de l’âme (que saint Augustin désigne sous différents noms, Voy. p.137) sont la vie végétative (animatio, p. 857), la vie sensitive (sensus, p. 359). l’art (ars), la vertu purificative (virtus), l’impassibilité qui résulte de la purification (tranquillitas), la conversion de l’âme vers l’Intelligence divine (ingressio)[2], enfin la contemplation ou la possession de Dieu (contemplatio vel mansio, p. 236), dont la vision ineffable élève l’âme au-dessus de la pensée même (p. 227, 228, 234). »

Il est impossible de ne pas reconnaître, d’après cet ensemble de rapprochements, une filiation d’idées incontestable. Aussi est-il indispensable, pour bien comprendre saint Augustin, de connaître la langue et la doctrine de Plotin. Nous en avons déjà donné plus d’une preuve (Voy. notamment ci-dessus, p. 547, note 1). En voici une autre qui est encore plus remarquable. Nous la tirons d’un pas-

  1. « Quapropter nullo modo negaveris esse incommutabilem veritatem, hæc omnia quæ incommutabiliter vera sunt continemtem, quam non possis dicere tuam, vel meam, vel cujusquam hominum, sed omnibus incommutabilia vera cernentibus, tanquam miris modis secretum et publicum lumen præsto esse ac se præbere communiter : omne autem quod communiter omnibus ratiocinantibus atque intelligentibus præsto est, ad nullius eorum proprie naturam pertinere quis dixerit ? » (S. Augustin, « De Libero arbitrio, II, 12) Voy. aussi le passage du traité Du Maître qui est cité ci-dessus, p. 337. Dans l’Enn. I, liv. I, 58 (t. I, p. 44), Plotin dit : « Dans quel rapport sommes-nous avec l’Intelligence absolue ? Elle est au-dessus de nous&hellip ; Elle est commune et particulière à la fois à tous les hommes : commune, parce qu’elle est indivisible, une et partout la même ; particulière, parce que chacun la possède tout entière dans l’âme raisonnable. »
  2. Voici comment saint Augustin s’exprime au sujet de la vertu purificative, de l’impassibilité qui résulte de la purification, et de la conversion de l’âme vers l’intelligence divine : « 1o  Suspice igitur atque insili quarto gradui, ex quo bonitas incipit atque omnis vera laudatio. Hinc anima se non solum suo, si quam universi partem agit, sed ipsi etiam universo corpori audet præponere, bonaque ejus bona sua non putare, atque potentiæ pulchritudinique suæ comparata discernere atque contemnere ; et inde, quo magis se delectat, eo magis sese abstrahere a sordibus, totamque emaculare ac mundissimam reddere et comptissimam, etc&hellip ;&hellip ; 2o  Quod quum effectum erit, id est quum fuerit ab omni tabe anima libera maculisque diluta, tum se denique lætissime tenet, nec omnino aliquid metuit sibi, aut ulla sua causa quidquam angitur. Est ergo iste quintus gradus : aliud est enim efficere, aliud tenere puritatem ; et alia prorsus actio qua se inquinatam redintegrat, alia qua non patitur se inquinari. In hoc gradu omnifariam concipit quanta sit : quod quum conceperit,