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JAMBLIQUE.


les Péripatéticiens, le juste milieu (συμμετρία (summetria)) conforme à la nature et la vie intellectuelle supérieure à la nature humaine[1]. Selon Hérillus, ils ont pour but la science[2] ; selon Ariston, l’indifférence [pour les choses qui ne sont ni honnêtes ni déshonnêtes[3]] ; selon Démocrite, le calme (εὐσχημοσύνη (euschêmosunê))[4] ; selon d’autres, quelque partie de l’honnête, soit l’absence de la douleur (ἀσχλησία (asklêsia)), comme l’avance Hiéronyme[5], soit quelque autre genre de vie. Mais comme on peut, en se plaçant au point de vue des choses sensibles, distinguer une infinité de vies particulières, nous ne nous donnerons pas la peine de les énumérer et nous n’essaierons point de les définir.

De la Mort.

XV[6]. Qu’arrive-t-il à l’âme quand la mort vient terminer cette vie ? Faut-il admettre que, de même qu’à la naissance l’âme a précédé le corps, ou a reçu l’existence en même temps que lui, ou ne l’a reçue qu’après lui, selon les diverses sectes, de même, à la mort, l’âme périt avant le corps, ou se dissout avec lui, ou bien subsiste en elle-même après être sortie d’ici-bas ? C’est là la question principale. Mais elle se subdivise en plusieurs parties qui sont elles-mêmes susceptibles de recevoir diverses espèces de solutions.

On peut se demander si les êtres vivants meurent, soit parce que les artères, ne pouvant plus recevoir le souffle extérieur, éprouvent une suffocation[7], soit parce que la tension [de l’esprit sensitif] se relâche[8] et que la chaleur s’affaiblit ou s’éteint en quelque sorte à l’intérieur. Si c’est de cette manière que la mort arrive, l’âme périt avant le corps ou en même temps que lui, comme le pense

    sit in eo quod}} ὁμολογίαν (homologian) Stoïci, nos appellamus convenientiam (De Finibus, III, 6). » Quant à l’identité du beau et du bien, Voy. Diogène Laërce (VII, § 101) : ϰαλὸν τὸ τέλειον ἀγαθόν (kalon to teleion agathon).

  1. Voy. Aristote, Éthique à Nicomaque, II, 5, 6, et X, 7.
  2. Voy. Diogène Laërce, VII, § 165.
  3. Ibid., VII, § 160.
  4. Démocrite donnait différents noms à ce qu’il regardait comme le souverain bien, εὐθυμία, εὐεστώ (euthumia, euestô), etc. (Ibid. IX, § 45).
  5. Voy. Cicéron, De Finibus, V, 5.
  6. Stobée, Eclogœ physicœ, lii, § 39, p. 920.
  7. Voy. Sénèque, De la Providence, 6.
  8. ἐϰλυόμενου τοῦ τόνου (ekluomenou tou tonou). Le sommeil (disait Zénon) est le relâchement de l’esprit sensitif. Le relâchement de l’esprit sensitif porté jusqu’à la dissolution (ἄνεσις ϰαὶ ἔϰλυσις τοῦ αἰσθητιϰοῦ πνεύματος), c’est la mort. (Plutarque, De Placitis phil., V, 23.) Voy. aussi M. Ravaisson, Sur le Stoïcisme (Mém. de l’Acad. des inscript. et Belles-Lettres, t. XXI, p. 31).