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JAMBLIQUE.

Intelligence en acte.

[Aristote.] De même que dans toute la nature, il faut distinguer, d’une part, la matière pour chaque genre d’objets, la matière étant ce qui est tous ces objets en puissance ; et, d’autre part, la cause, ce qui fait, parce que c’est la cause qui fait tout, comme l’art fait tout ce qu’il veut de la matière ; de même, il faut nécessairement aussi que ces différences se retrouvent dans l’âme. Telle est, en effet, l’intelligence, qui, d’une part, peut devenir toutes choses, et qui, d’autre part, peut tout faire. C’est en quelque sorte une virtualité pareille à la lumière : car la lumière, en un certain sens, fait, des couleurs qui ne sont qu’en puissance, des couleurs en réalité. Et telle est l’intelligence qui est séparée, impassible, sans mélange avec quoi que ce soit, et qui par son essence est en acte. (De l’Âme, III, 5, p. 303 de la trad. fr..)

XXIII. [Jamblique.] L’Intelligence est l’essence supérieure à l’âme ; or Aristote parle ici de l’Intelligence et non de l’Essence raisonnable. (Fragment cité par Simplicius, Comm. sur le Traité de l’Âme, f. 62, éd. d’Alde.)

[« Le divin Jamblique entend par Intelligence en puissance et Intelligence en acte l’Intelligence supérieure à l’âme, soit l’Intelligence participée, soit l’Intelligence imparticipable[1]. » (Simplicius, ibid., f. 88.)]

    dit Théophraste avec Aristote, comment contemple-t-elle les deux espèces de formes, les formes immatérielles et les formes matérielles qu’elle connaît par abstraction (car elle ne contemple les formes matérielles qu’en tant qu’elles sont des formes) ? C’est un point qu’ont fort bien expliqué les interprètes légitimes d’Aristote, Jamblique et Plutarque, fils de Nestorius. » (Comm. du Traité de Théophraste sur l’Imagination et l’Intelligence, p. 289.)

  1. Le sens de cette expression est expliqué dans les lignes suivantes de Proclus : « L’Intelligence a une triple puissance : il y a l’Intelligence imparticipable, distincte de tous les genres particuliers ; puis l’intelligence participante, à laquelle participent les âmes des dieux et qui leur est supérieure ; enfin, l’intelligence qui habite dans les âmes et leur donne leur perfection (Comm. sur l’Alcibiade, t. II, p. 178, éd. Cousin). » Quant à l’interprétation même donnée par Jamblique du passage d’Aristote qu’il commente, elle a été longuement combattue par Simplicius, qui s’exprime en ces termes : « Dans notre Commentaire sur le livre XII de la Métaphysique, en suivant les idées exposées sur ce point par Jamblique conformément à la pensée d’Aristote, nous avons longuement expliqué, comme c’en était le lieu, ce qu’est l’Intelligence séparée des âmes ; nous avons fait voir qu’elle est l’essence première et indivisible, la vie parfaite et l’acte suprême ; qu’elle offre l’identité de la chose pensée, de la chose pensante et de la pensée ; qu’elle possède la perpétuité,