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LIVRE DEUXIÈME.

méchants[1]. D’ailleurs, nous sommes nécessairement sujets aux maladies, parce que nous avons un corps. Ensuite, tous ces accidents ne sont pas inutiles pour l’ordre et l’existence de l’univers[2]. En effet, quand un être est dissous en ses éléments, la Raison de l’univers s’en sert pour engendrer d’autres êtres (car elle embrasse tout par son action). Ainsi, quand le corps est désorganisé et que l’âme est amollie par ses passions, alors le corps, atteint par la maladie, et l’âme, atteinte par le vice, entrent dans une autre série et dans un autre ordre[3]. Il y a des choses qui profitent à ceux qui les supportent, la pauvreté, par exemple, et la maladie. Le vice même contribue à la perfection de l’univers, parce qu’il donne à la justice divine occasion de s’exercer[4]. Il

    nuscrits (nos 328, 1374) de la bibliothèque du Vatican : ἐϰ τῶν τοῦ φιλοσόφου Πρόϰλου εἰς Πλωτῖνον ὑπομνημάτον· δοῦλος Ἐπίϰτητος ἐγενόμην, ϰ. τ. λ.

  1. Théognis dit dans ses Sentences, vers 526 :

    ἡ πενίη δὲ ϰαϰῳ σύμφορος ἀνδρὶ φέρειν.

    Synésius développe longuement cette pensée dans son traité Des songes, p. 141, éd. Petau.

  2. Voy. le passage de S. Augustin cité dans le tome I, p. 285, note 1.
  3. εἱρμῷ ϰαὶ τάξει : ce sont les termes employés par Plotin pour désigner l’enchaînement fatal des causes dans l’ordre physique. Voy. le livre précédent, p. 7. Quant à la manière dont l’Âme universelle administre l’univers par la Raison, Voy. le tome I, p. 182-193, 474.
  4. Voici comment S. Augustin a développé cette idée : « Sed adhuc videtur minus intelligens quod dictum est, habere quod contradicat. Dicit enim : Si universitatis perfectionem complet etiam nostra miseria, defuisset aliquid huic perfectioni, si beati semper essemus. Quapropter, si ad miseriam nisi peccando pervenerit anima, etiam peccata nostra ne cessaria sunt perfectioni universitatis quam condidit Deus. Quomodo ergo juste peccata punit, quæ si defuissent, creatura ejus plena et perfecta non esset ? Hic respondetur, non ipsa peccata vel ipsam miseriam perfectioni universitatis esse necessaria, sed animas in quantum animæ sunt ; quæ si velint, peccant ; si peccaverint, miseræ sunt. Si enim peccatis earum detractis miseria perseverat aut etiam peccata præ-