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LIVRE TROISIÈME.


d’une autre vie, ni des autres choses ; ce qu’elle donne, ce n’est pas à elle-même qu’elle le donne, c’est aux autres choses : elle n’a pas en effet besoin de ce qui est inférieur ; elle ne saurait se donner à elle-même rien d’inférieur, puisqu’elle possède toutes choses ; au lieu d’avoir en elle-même les premières images des choses [comme l’âme], l’Intelligence est ces choses mêmes.

Si l’on ne peut s’élever immédiatement à la pensée pure, qui est la première partie de l’âme, qu’on prenne l’opinion et qu’on passe d’elle à l’intelligence. Si l’on ne peut encore s’élever à l’opinion, qu’on prenne alors la sensation qui nous représente déjà des formes générales, la sensation, dis-je, qui contient en puissance les formes, qui les possède même en acte. Si l’on veut descendre, qu’on s’abaisse à la puissance générative et aux choses qu’elle produit ; et qu’ensuite, des dernières formes on remonte aux formes qui sont placées à l’autre extrémité, aux formes premières.

X. En voici assez sur ce sujet. Si les formes que contient l’Intelligence ne sont pas des formes créées (sinon, les formes qui se trouvent en nous n’occuperaient plus le dernier rang, comme elles le doivent), si ce sont des formes créatrices et vraiment premières, ou bien ces formes créatrices et le principe créateur ne font qu’une seule chose, ou bien l’Intelligence a besoin d’un autre principe. — Mais quoi ? Le principe qui est supérieur à l’Intelligence [l’Un] n’aura-t-il pas besoin lui-même d’un autre principe ? — Non : car c’est l’Intelligence qui a besoin d’un autre principe. — Quoi donc ? Le principe qui est supérieur à

    quæ primo ictu diluxit tibi, quum dicerem : Veritas. Ecce in ipso primo ictu, quovelut coruscatione perstringeris quum dicitur : Veritas, mane, si potes ; sed non potes ; relaberis in ista solita et terrena. Quo tandem pondere, quæso, relaberis, nisi sordium contractarum cupiditatis visco et peregrinationis erroribus ? » (De Trinitate, VIII, 2.)