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CINQUIÈME ENNÉADE.


naît le multiple ? C’est que la chose qui procède de lui ne doit pas lui être égale, ni à plus forte raison supérieure : car qu’y a-t-il de supérieur à l’Un, de meilleur que lui ! Elle doit donc lui être inférieure, être par conséquent moins parfaite. Or, elle ne peut être moins parfaite qu’à condition d’être moins une, d’être multiple. Mais elle doit aspirer à l’Un ; elle sera donc l’un-multiple (ἐν πολλά (en polla))). C’est par l’Un que ce qui n’est pas un est conservé, est ce qu’il est : car ce qui n’est pas un, quoique composé, ne peut recevoir le nom d’être. S’il est possible de dire ce qu’est chaque chose, c’est seulement parce qu’elle est une et identique. Ce qui n’est pas multiple n’est pas un par participation, est l’Un absolu ; il ne tient pas son unité d’un autre principe ; il est au contraire le principe auquel les autres choses doivent d’être plus ou moins unes selon qu’elles en sont plus ou moins rapprochées. Puisque ce qui est le plus près de l’Un a pour caractère l’identité et lui est postérieur, évidemment le multiple qui s’y trouve doit être la totalité des choses qui sont unes. Car, puisque le multiple y est uni à l’identité, il n’y a pas en lui de parties séparées les unes des autres, toutes subsistent ensemble. Les choses qui en procèdent sont chacune unité-multiple (ἐν πολλά (en polla)), parce qu’elles ne peuvent être unité-totalité (ἐν παντά (en panta)). Être unité-totalité ne convient qu’à leur principe [l’Être intelligible], parce qu’il procède lui-même d’un grand principe qui est essentiellement et véritablement un. Ce que l’Un engendre par sa fécondité exubérante est tout ; d’un autre côté, comme ce tout participe à l’Un, il est un ; il est par conséquent unité-totalité.

Quelles sont toutes ces choses qu’est l’Être ? — Toutes celles dont l’Un est le principe. — Mais comment l’Un est-il le principe de toutes choses ? — C’est qu’il leur conserve l’existence en faisant que chacune d’elles soit une. — Est-ce aussi parce qu’il leur donne l’existence ? Et alors ; est-ce en les possédant ? — Dans ce cas, il serait multiple. Non, c’est en