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LIVRE TROISIÈME.


a le bien qui consiste dans la vie et l’intelligence, comme nous l’avons dit, ou dans quelqu’une des choses qui y sont attachées. Si la vie et l’intelligence sont le Bien absolu, il n’y a rien au-dessus d’elles. Mais si le Bien absolu est au-dessus d’elles, le bien de l’Intelligence est cette vie qui se rapporte au Bien absolu, qui s’y rattache, en reçoit l’existence et s’élève vers lui parce qu’il est son principe. Le Bien doit donc être supérieur à l’intelligence et à la vie. C’est à cette condition que se tourne vers lui la vie de l’Intelligence, image de Celui dont procède toute vie ; c’est à cette condition que se tourne vers lui l’Intelligence, image de ce qui est dans l’Un, quelle qu’en soit la nature.

XVII. Qu’y a-t-il donc de meilleur que cette Vie souverainement sage, exempte de faute et d’erreur ? Qu’y a-t-il de meilleur que l’Intelligence qui embrasse tout ? Qu’y a-t-il de meilleur en un mot que la Vie universelle et que l’Intelligence universelle ? Si nous répondons que ce qui est meilleur que ces choses est le principe qui les a engendrées, si nous nous contentons d’expliquer comment il les a engendrées et de montrer qu’on ne peut découvrir rien de meilleur, au lieu d’avancer dans cette discussion, nous resterons toujours au même point. Cependant, nous avons besoin de nous élever plus haut. Nous y sommes obligés surtout par cette considération que le principe que nous cherchons doit être conçu comme l’Absolu dans une souveraine indépendance de toutes choses (τὸ αὔταρϰες ἐϰ πάντων ἔξω (to autarkes ek pantôn exô)[1] ) : car, les choses sont incapables de se suffire chacune à elle-même ; ensuite, toutes ont participé de l’Un, et, puisqu’elles ont toutes participé de l’Un, nulle

  1. Au lieu de ces mots, Taylor propose de lire : ἐϰ πάντων ἐξ οὖ ἐστιν (ek pantôn ex ou estin), et traduit : « Self sufficiency to this intellect îs the result of all the things of which it consists. » Cette correction et cette traduction sont inadmissibles, parce qu’il ne s’agit pas ici de l’Intelligence, comme le suppose Taylor, mais du premier principe, c’est-à-dire du Bien ou de l’Un.