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LIVRE TROISIÈME.


Il faut croire qu’il est présent, lorsque, comme un autre dieu, il illumine la maison de celui qui l’appelle[1] : car elle est obscure s’il ne vient l’illuminer. L’âme est donc sans lumière quand elle est privée de la présence de ce Dieu ; illuminée par lui, elle a ce qu’elle cherchait. Le vrai but de l’âme, c’est d’être en contact avec cette lumière, de voir cette lumière à la clarté de cette lumière même, sans le secours d’une lumière étrangère, c’est de voir ce principe à l’aide duquel elle voit. En effet, c’est le principe par lequel elle est illuminée qu’elle doit contempler, comme on ne contemple le soleil que par sa propre lumière. Mais comment y arriver ? Retranche toutes choses[2].

    tingere ; sed ubi immunditias omnes, quibus ipsam res creatæ sordidaverunt, extersit, oculumque suum purgavit, emicat repente, quasi ab intimo penetrali ejus, lumen immensum summi boni, quod ipsam summum bonum est, quolibet intimo intimius, et penetrali penitius, seque videndum fruendumque propinat. » (Dogmata theologica, t. I, p. 338.)

  1. Par les mots θεὸς ἄλλοs (theos allos), un autre dieu, Plotin désigne un des dieux d’un ordre inférieur qui, selon l’opinion vulgaire, se manifestaient aux hommes. Taylor croit que Plotin fait ici allusion au passage de l’Odyssée dans lequel Minerve, portant une lanterne d’or, projette devant Ulysse et Télémaque une lumière éclatante :

    . . . . . . . . . . . . . . . πάροιθε δὲ Παλλὰς Αθήνη,
    χρύσεον λύχνον ἔχουσα, φάος περεϰαλλὲς ἐϰοίει, ϰ. τ. λ.

    Odyssée, XIX, 33.

    Creuzer pense que Plotin fait plutôt ici allusion à l’Hymne à Cérès, vers 279 :

    τῆλε δὲ φέγγος ἀπὸ ϰροὸς ἀθανάτοιο
    λάμπε θεᾶσ. . . . . . . . . . . . . . . 
    αδγῆς δ’ ἐπλήσθη πυϰινὸς δὸμος, ἀστεροπῆς ῶς.

    Nous partageons l’opinion de Creuzer, parce que Plotin fait assez souvent allusion aux mystères d’Éleusis. Voy. notamment Enn. VI, liv. IX.

  2. Pour cette phrase, Voy. ci-dessus § 14, p. 57.