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LIVRE QUATRIÈME.
COMMENT PROCÈDE DU PREMIER CE QUI EST APRÈS LUI. — DE L’UN[1].

I. Tout ce qui existe après le Premier en relève, soit immédiatement, soit médiatement, et constitue une série d’ordres différents, tels que le deuxième ordre puisse être ramené au premier, le troisième au deuxième. Il faut en effet qu’au-dessus de tous les êtres il y ait quelque chose de simple et de différent de tout le reste, qui existe en soi-même et qui, sans jamais se mêler à rien, puisse cependant présider à tout, qui soit véritablement l’Un, et non cette unité mensongère qui n’est qu’un attribut de l’être, qui soit enfin un principe supérieur même à l’essence, de telle sorte que ni la parole, ni la raison, ni aucune science ne puisse l’atteindre. Car, s’il n’est complètement simple, étranger à toute complexité et à toute composition, s’il n’est réellement un, il ne saurait être principe[2]. Il n’est souverainement absolu (αὐταρϰέστατον (autarkestaton)) que parce qu’il est simple et premier. Car ce qui n’est pas premier a besoin des choses supérieures ; ce qui n’est pas simple a besoin des choses simples qui servent à le composer. Le principe de tout doit donc être un et unique. Si l’on admettait qu’il y eût un second principe de cette espèce, tous deux ne feraient qu’un seul. Car nous ne disons pas que tous deux

  1. Pour les Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.
  2. Voy. Enn. VI, liv. I, § 27.