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CINQUIÈME ENNÉADE.


sont unes que par participation (ce principe, au contraire, n’est pas un par participation, comme l’est ce qui n’est pas plutôt un que multiple). Nous avons également dit que l’Intelligence et le monde intelligible sont plus uns que le reste, qu’ils approchent de l’Un plus que toutes les autres choses, mais qu’ils ne sont pas purement l’Un. Maintenant, nous allons examiner, autant que nos forces nous le permettent, en quoi consiste le principe qui est l’Un purement, essentiellement, et non par autrui.

Élevons-nous donc à l’Un, ne lui ajoutons rien, et reposons-nous en lui, en prenant garde de nous en éloigner et de tomber dans la dualité. Sans cette attention, en effet, nous aurons la dualité, qui ne peut nous offrir l’unité, parce qu’elle lui est postérieure. L’Un ne se laisse pas nombrer avec autre chose, ni avec la monade, ni avec quoi que ce soit ; il ne se laisse nombrer d’aucune manière : car il est la mesure sans être mesuré lui-même ; il n’est pas au même rang que les autres choses, il ne s’additionne pas avec elles ; sinon, il aurait quelque chose de commun avec les êtres avec lesquels il serait nombre ; par suite, il serait inférieur à ce quelque chose de commun, tandis qu’il doit n’avoir rien au-dessus de lui. Ni le nombre essentiel, ni le nombre inférieur à celui-ci et propre à la quantité ne peuvent être affirmés de l’Un : ni le nombre essentiel, dis-je, en qui l’être est identique à la pensée ; ni le nombre propre à la quantité, qui constitue la quantité concurremment avec les autres genres, ou même sans leur concours, puisque tout nombre est quantité[1]. En outre, le nombre propre à la quantité, imitant les nombres antérieurs dans leur rapport à l’Un qui est leur principe, trouve son existence dans son rapport à l’Un véritable, qu’il ne partage point et ne divise point ; mais, quand la dyade est née, la monade est avant

  1. Pour l’exposition complète de cette théorie, Voy. ci-après Enn. VI, liv. VI, § 16.