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CINQUIÈME ENNÉADE.


l’être, l’Un est au-dessus de l’être (ἐπέϰεινα ὅντος (epekeina ontos)). En effet, en disant que l’Un est au-dessus de l’être, on ne dit pas qu’il est quelque chose de déterminé, on n’en affirme rien, on ne prétend pas même lui assigner ainsi un nom ; on avance seulement qu’il n’est pas telle ou telle chose ; on n’a pas la prétention de l’embrasser : il serait absurde de prétendre embrasser une nature infinie (ἄπλετος φύσις (apletos phusis)). Prétendre le faire, c’est s’éloigner de lui et perdre la légère trace qu’on en avait. Quand on veut voir l’essence intelligible, il faut n’avoir plus présente à l’esprit aucune image des choses sensibles afin de contempler ce qui est au-dessus d’elles ; de même, quand on veut contempler Celui qui est au-dessus de l’intelligible, on doit laisser de côté tout intelligible pour contempler l’Un ; on saura de cette manière qu’il est, sans essayer de déterminer ce qu’il est. Au reste, en parlant de l’Un, on ne peut indiquer ce qu’il est (οἶον (oion)) qu’en disant ce qu’il n’est pas (οὐχ οἶον (ouch oion))[1]. Car on ne

    timabant, etiam sapientiam, vitam, veritatem ; nec ista de Deo prædicari sinebant, nisi vel negative, vel per modum principii magis quam formæ. 4° Quin unum ipsum negative tantum de Deo dici sinebat Plotinus ; aut si affirmative diceretur, hanc ipsam affirmationem rursus in negationes resolvebat. Etsi enim primo diceretur Deum esse ipsum unum, mox tamen id quoque agnoscebatur incomprehensibili ejus magnitudini nedum satis congruere, et satius esse id removeri, ut unum tantum dicatur Deus quia multa non est. 5° Hinc merito concludit Plotinus quærendum non esse quid de Deo dicamus omnino, et quasi id proprie illi conveniat (hoc enim fieri non posse), sed tantum quo eum designemus, id est, aliquod signum et quasi symbolum quo illum designemus. » (Dogmata theologica, t. I, p. 213. Voy. aussi ibid., p. 334.)

  1. Voy. Enn. II, liv. IX, § 1, t. I, p. 254-256 ; Enn. III, liv. IX, n° 9, t. II, p. 249. On trouve la même doctrine dans Maïmonide : « Sache que les vrais attributs de Dieu sont ceux où l’attribution se fait au moyen de négations, ce qui ne nécessite aucune expression impropre, et ne donne lieu, en aucune façon, à attribuer à Dieu une imperfection quelconque ; mais l’attribution énoncée affir-