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LIVRE HUITIÈME.


ceux qui peuvent le contempler attachent leurs regards sur lui et sur tout ce qu’il contient. Chacun cependant n’y considère pas toujours la même chose : l’un y voit briller la source et l’essence de la justice ; un autre est rempli du spectacle de la sagesse, dont les hommes ici-bas ont à peine une image affaiblie[1]. Notre sagesse n’est en effet qu’une imitation de la sagesse intelligible : celle-ci, se répandant sur toutes les essences et en embrassant en quelque sorte l’immensité, est aperçue la dernière par ceux qui ont déjà considéré beaucoup de ces brillantes lumières.

Tel est le spectacle que contemplent les dieux, tous ensemble et chacun séparément. Tel est aussi celui que contemplent les âmes qui voient toutes les choses contenues dans le monde intelligible ; par cette vue, ces âmes deviennent capables de contenir elles-mêmes, du commencement jusqu’à la fin, toutes les choses que renferme le monde intelligible ; elles y habitent par celle de leurs parties dont la nature le comporte ; souvent même elles y résident

    comme il le fait en traitant ce sujet dans son livre Des Noms. » (Théologie selon Platon, IV, 16, p. 215.) Comme l’expression de voûte infra-céleste n’est pas dans Plotin, Creuzer en conclut que ces mots se trouvaient sans doute dans l’édition d’Eustochius. Nous croyons que c’est une hypothèse toute gratuite, et que Théodore d’Asiné, en invoquant l’autorité de Plotin, se fondait moins sur le texte même de notre passage que sur la pensée qui y est exprimée.

  1. L’essence véritable, sans couleur, sans forme, impalpable, ne peut être contemplée que par le guide de l’âme, l’intelligence. Autour de l’essence est la place de la vraie science… La pensée contemple la justice, elle contemple la sagesse, elle contemple la science, non point celle où entre le changement, ni celle qui se montre différente dans les différents objets qu’il nous plaît d’appeler des êtres, mais la science telle qu’elle existe dans ce qui est l’être par excellence. » (Platon, Phèdre, trad. de M. Cousin, t. VI, p. 51.)