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LIVRE PREMIER.


à croire que dans toutes ces relations il n’y a rien de réel. Ce point étant donc accordé, nous avons à chercher ce qu’il y a de commun dans toutes ces relations, et à examiner si ce qu’il y a de commun en elles constitue un genre et non un accident ; puis, quelle réalité possède ce que nous avons trouvé.

Il faut appeler relatif, non ce qui est dit la chose d’une autre chose[1] (telles sont les habitudes de l’âme et du corps, par exemple), ni ce qui appartient à telle chose ou est dans telle chose (comme l’âme, par exemple, est dite l’âme de tel individu, ou est dans tel sujet), mais ce qui tient son existence uniquement de cette habitude [appelée relation] ; et, par existence (ὑπόστασις (hupostasis)), j’entends ici non l’existence qui est propre aux sujets, mais l’existence qu’on nomme relative (πρὸς τι (pros ti)) : ainsi, le double, par exemple, fait exister [corrélativement] la moitié, mais il ne fait pas exister l’objet de deux coudées, ni deux en général ni l’objet d’une coudée, ni un en général ; quand ces objets existent, par suite de leur manière d’être qui consiste en ce que celui-ci est deux et celui-là un, le premier s’appelle double et est tel en effet, et le second moitié. Ces deux objets ont donc fait en même temps et d’eux-mêmes que l’un fût double et l’autre moitié, choses qui ont été engendrées corrélativement, et elles n’ont d’existence que par leur corrélation, en sorte que le double tient son existence de ce qu’il surpasse la moitié, et la moitié tient son existence de ce qu’elle est surpassée par le double ; par conséquent, l’une de ces choses n’est pas antérieure, et l’autre postérieure, mais leur existence est simultanée[2]. On pourrait

  1. Voy. la définition d’Aristote, citée ci-dessus, p. 160, note 2.
  2. « Les relatifs semblent pouvoir exister simultanément par nature, et ceci est vrai de la plupart d’entre eux. Double et moitié existent à la fois ; moitié existant, double existe aussi ; l’esclave existant, le maître existe, et ainsi du reste. Il faut ajouter que ces choses se détruisent aussi réciproquement : s’il n’y