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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/226

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LIVRE PREMIER.


soit déjà prête à s’exercer et qu’elle passe de la puissance à l’acte dans le rapprochement des relatifs ? Faut-il admettre en général que certaines choses agissent, tandis que d’autres se bornent à exister ; que ce qui se borne à exister ne donne qu’un nom à son corrélatif, tandis que ce qui agit lui donne l’existence ? Le père et le fils, l’actif et le passif se trouvent dans ce dernier cas : car ces choses ont une espèce de vie et d’action. Faut-il donc diviser l’habitude en plusieurs espèces, la diviser, dis-je, non comme possédant quelque chose de semblable et de commun dans les différences, mais comme ayant une nature différente dans chaque membre de la division et constituant ainsi un homonyme ? Dans ce cas, nous donnerons à l’habitude active les noms d’activité (ποίησις (poiêsis)) et de passivité (πάθησις (pathêsis)), parce que toutes deux impliquent une seule et même action. Puis, nous admettrons une autre habitude qui, sans agir elle-même, implique une chose qui agisse dans les deux termes relatifs, telle que l’égalité, par exemple, qui rend deux objets égaux : car c’est l’égalité qui rend les choses égales, comme c’est l’identité qui les rend identiques ; de même le grand et le petit doivent leur nom, l’un à la présence de la grandeur, l’autre à celle de la petitesse ; mais, si l’on considère le plus grand et le plus petit dans les individus qui y participent, il faut dire que tel individu est plus grand par l’acte de la grandeur qui se manifeste en lui, et que tel autre est plus petit par l’acte de la petitesse.

IX. Il faut donc admettre qu’il y a dans les choses dont nous avons parlé d’abord, telles que la science et l’être actif, une efficacité, un acte, une raison active, et, dans les autres choses, une participation à la forme et à la raison. En effet, s’il n’y avait d’êtres que les corps, les habitudes appelées relatives ne seraient rien de réel. Si nous assignons au contraire le premier rang dans l’existence aux choses incorporelles et aux raisons, et si nous définissons les habitudes des raisons qui participent aux formes, nous