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SIXIÈME ENNÉADE.


et la forme extérieure ? Que dire de l’épais et du mince, du gras et du maigre ? Si ce qu’il y a de commun entre ces choses est une puissance qui appartienne aux capacités, aux dispositions et aux puissances physiques, qui donne à chaque objet le pouvoir qu’il possède, les impuissances n’appartiendront plus au même genre [que les puissances]. En quel sens d’ailleurs la figure et la forme de chaque chose sont-elles des puissances ? Enfin, l’être n’aurait ainsi aucune puissance en tant qu’être, mais seulement en tant qu’il aurait reçu la qualité ; quant aux actes des essences, lesquels sont proprement des actes en tant qu’ils agissent par eux-mêmes, et aux actes des propriétés, en tant qu’ils sont ce qu’ils sont, tous appartiendraient à la qualité. Mais la qualité consiste dans les puissances qui viennent après les essences[1] ; la puissance de combattre au pugilat, par exemple, n’appartient pas à l’homme en tant qu’homme, comme la faculté rationnelle, en sorte qu’on doit nommer qualité, non la faculté rationnelle, mais plutôt la faculté qu’on peut acquérir [telle que celle de combattre au pugilat], tandis que la faculté rationnelle est appelée qualité par homonymie.

La qualité est donc une puissance qui ajoute aux essences, quand elles existent déjà, ce qui les qualifie[2]. Les différences qui distinguent les essences les unes des autres ne sont appelées qualités que par homonymie[3] ; elles sont

    quelques affections inébranlables, se nomme qualité : par exemple, la fureur maniaque, la colère, etc….., parce qu’en effet on est qualifié d’après elles de furieux, de colérique… Le quatrième genre de qualité, c’est la figure et la forme extérieure de chaque chose. » (Aristote, Catégories, II, chap. VIII, § 3, 7, 8, 13, 14 ; trad. fr., p. 95-100.)]

  1. « On donnera le nom de qualités aux habitudes et aux dispositions qui ne sont pas essentielles aux substances. Les archétypes des qualités sont les actes des essences qui sont les principes de ces qualités. » (Plotin, Enn. II, liv. VI, § 3 ; t. I, p. 242.)
  2. Voy. ibid., § 1, p. 237.
  3. Voy. ibid., § 1, p. 236.