naissance, est-il encore passif ? — Si une chose augmente et qu’une autre soit augmentée, admettrons-nous que ce qui est augmenté pâtisse ? — Attribuerons-nous plutôt la passion à la chose qualifiée ? Si une chose est embellie et qu’une autre l’embellisse, affirmerons-nous que la chose qui est embellie pâtit ? Si la chose qui l’embellit s’amoindrit, se ternit comme l’étain, ou si elle gagne au contraire comme le cuivre, dirons-nous que l’étain agit et que le cuivre pâtit ? — Comment admettre enfin que celui qui apprend soit passif ? Est-ce parce que l’acte de celui qui agit passe en lui ? Mais comment y aurait-il passion puisqu’il n’y a là qu’un acte ? Cet acte, sans doute, n’est pas une passion ; mais celui qui le reçoit est passif, parce qu’il participe à la passivité. En effet, de ce que celui qui apprend n’agit pas lui-même il n’en résulte pas qu’il soit passif : apprendre, ce n’est pas être frappé, mais saisir et discerner, comme cela a lieu pour la vision[1].
XXI. Comment définirons-nous le fait de pâtir ? Nous ne le ferons point consister dans l’acte qui passe d’un être dans un autre, si celui qui reçoit cet acte se l’approprie[2]. Dirons-nous que l’être pâtit quand il n’y a pas acte, mais seulement passion ? Mais ne se peut-il pas que l’être qui pâtit devienne meilleur et que celui qui agit perde au contraire ? Ne se peut-il pas aussi qu’un être agisse d’une manière mauvaise et exerce sur un autre une influence pernicieuse ? Ne se peut-il pas encore que l’action soit mauvaise et la passion honorable ? Quelle distinction établirons-nous donc entre la passion et l’action ? Dirons-nous qu’agir c’est faire passer un acte de soi en autrui, et que pâtir c’est recevoir en soi un acte qui provient d’autrui ? Mais n’arrive-t-il pas qu’on produise en soi des actes qui